Altaïr
| Sujet: Fragment #248 - All Day Long I Dream About Sex 12.04.08 11:24 | |
| Vendredi 15 juin 2007 à Dijon Chaleur moite. Tous mes sens concentrés à même ma peau. La bouche de Justin parcourt mon torse, aspire le bout durcit de mes tétons. Sa langue les entoure de caresses en forme de cercle, puis redescend entre mes pectoraux, se perd jusqu’à mon nombril, dans un mince filet de poils bruns qu’elle contourne, pour mieux atteindre l’instrument de mon plaisir. Tu ne sais pas faire, Justin, tes dents me font mal. D’une main, je ramène son visage jusqu’à ma bouche et l’embrasse langoureusement. De la salive s’écoule sur nos mentons tandis que mes doigts se referment sur son entrejambe. Toute la journée j’ai pensé à cela, à ce désir en moi, de te toucher, de ressentir ton corps tout contre moi. Ma main et son rythme régulier, et la chaleur amplifiée qui – - s’écoule en perle de nacre échouées sur mon bas-ventre. L’image de l’amant virtuel et reconstitué s’efface. Je suis seul dans la chambre de notre appartement, le soleil est bien là, mais rien ne garantit qu’un nouvel orage n’éclatera pas dans la journée. Le ciel est capricieux, ces dernier temps. J’ignore ce qui agite à ce point mes ancêtres. Je me souviens m’être relevé cette nuit, lorsque Alexandre a sonné pour récupérer son petit briquet oublié. Il me semble ensuite que j’ai rêvé de lui, transposé dans des champs de blés carbonisés et roussit. Je devrais contacter Nathan, peut-être lui laisser un mail, mais je sais qu’il n’y répondrait pas. C’est lui et lui seul qui décide de nos échanges, en se connectant de manière imprévue, à tel point que je souhaiterais rester en permanence fixé sur mon écran pour surveiller l’activité de mes quelques contacts. Je n’ai plus aucune nouvelle de l’Efta, ce que je ne déplore pas particulièrement. J’ai même hésité à le supprimer de ma liste ; quel intérêt trouverais-je à me lier d’amitié avec un personnage aussi froid et secret ? Il y a Jed aussi, bien sûr, mais là c’est autre chose. Pour lui, je donnerais n’importe quoi, espérant épouser son corps ne serait-ce qu’une nuit, une nuit éternelle dans ses bras enlacés, sentir une fois encore la texture de ses lèvres… Reste enfin Lola, ma Lola. Toi que j’ai aimée, peut-être un peu trop. Et ton souvenir s’accompagne d’un terrible roulement de tambour, le battement de cœur du bébé qui grandit dans ton ventre et qui naîtra bientôt. N’y pense pas.
Je descends les escaliers de l’immeuble, croise la fille du propriétaire, Laetitia Mizri, qui rentre chez elle toute décoiffée, les yeux cachés derrière les lunettes de soleil fashion qui complètent à merveille son ensemble vestimentaire de luxe. Elle m’évite, sans doute pour épargner à mon odorat le parfum suave d’une nuit de sexe endiablée, cette odeur qui lui colle à la peau comme une sueur inaltérable. Laetitia doit mener une vie d’enfer, toujours à coucher à droite et à gauche. J’écoute ses talons claquer sur les marches à l’étage du dessus, je ferme les yeux. J’aimerais bien baiser cette fille. Non, ça n’est pas moi, je ne suis pas comme ça… Vraiment ? Mme Richard me regarde passer dans le hall, je me force à immobiliser mes lèvres rebelles, à adopter un air normal. Mais ça ne veut rien dire, un air normal. Je ne suis pas normal. Je suis un dieu…
Rue Docteur Chaussier, Place Darcy, Rue de la Liberté, Rue du Bourg, Rue Amiral Roussin. Je pousse la porte du Dionysos, salue Louis, le vieux Jack, adresse un signe de tête aux quatre valets de cartes et à Léonie. Géraldine, dans un coin, vernit ses longs ongles rouges avec application. Je passe derrière le comptoir, je regarde le bar et ses habitués. Une nouvelle journée qui commence pour Julian Mahogany, et je pense, avec un sentiment étrange, que j’ai très envie de voir Justin, de rentrer dans son corps et d’y exploser, de l’entendre haleter et gémir. Je mordrais son cou jeune et tendre, et mes mains plaqueraient ses poignets contre le matelas pour contenir ses mouvements et maîtriser son corps... Durcissement. La journée sera longue. | |
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