Procyon
| Sujet: Fragment #46 - Rêve... 12.04.08 11:39 | |
| Dimanche 11 février 2007 à Plombières-lès-Dijon Non, je suis bien. Ne me réveillez pas. C’est à peu près ce que je pense en cet instant. Après une réadaptation à la vue. Après une mise à niveau de mes globes oculaires, je peux lire enfin les 4 chiffres rouges sur ma table de chevet. 23 : 42, oui c’est bien ça qui est affiché. Sans avoir bougé rien d’autre que mes paupières, je cherche à me rendormir, ce n’est pas une heure pour se réveiller, ma parole. Un craquement de parquet dans mon dos me fait rouvrir les yeux. Que se passe t’il ? je ne bouge toujours pas. C’est maintenant la peur qui m’empêche de bouger. On farfouille dans mon armoire. Je l’entends. Qui ? Je continue de faire semblant de dormir. Pourquoi ? Pourquoi fouille-t-on ? Que cherche-t-on ? Mais pourquoi je ne réagis pas ? C’est ma chambre, merde. C’est peut-être dangereux. Je ne bouge pas. Se forcer à ne pas bouger est encore plus dur que de ne pas bouger sans s’en rendre compte. J’ai des fourmis dans les jambes. J’ai presque peur. Il doit chercher quelque chose de bien précis pour y passer autant de temps. Je n’ai rien dans l’armoire de droite qu’il vient de refermer, ni sur mon bureau. Rien de valeur en tout cas. Quand va-t-il s’en aller ? Me laisser dormir ? Son souffle se fait de plus en plus pressant ; il s’énerve. Il devient potentiellement de plus en plus dangereux. Et moi je suis là. Je suis là seul. Seul. Tout seul. Sans autre secours que de crier. Je ne veux pas crier. Enfin je crois que je n’ai rien. Ou plutôt je ne pense pas savoir ce qui l’intéresse tant. Soudain il fait tomber mon pot à crayon. Je ne peux plus faire semblant. Allez j’y vais. 3…2… Merde. Sa voix : c’est une femme. …l. J’allume la lumière, me retourne : stupeur. C’est Laura. La faible lumière de ma petite lampe, me laisse percevoir ses yeux fatigués. La pénombre dissimule mal son stress. « Il est où ?… Le capitaine Haddock, il est où ?… Alex, s’il te plait. Dis le moi… dépêches toi. » Interdit je ne sais que répondre. Je fais juste un signe de la tête indiquant son emplacement ; mes yeux fixant toujours ce visage blanc. Ce visage fatigué, à bout, exténué. « Merci. » Elle s’approche. Esquissant un sourire. Enfin je crois. Puis plus rien. Plus de lumière. Plus de Laura. Plus de chiffres rouges. Plus d’insomnie. Plus de bruit. Plus rien. | |
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