Fragment #47 - ... ou Réalité

6h26, le réveil sonne à la même heure tous les matins. Réveil difficile, ma tête me fait mal. Lundi matin, c’est normal. Mais j’ai l’impression qu’un camion m’est passé dessus. J’ai deux minutes et vingt sept secondes, comme tous les matins, pour rester un peu au chaud et essayer de revivre le doux moment de mes rêves de la nuit. Deux minutes et vingt sept secondes avant que mon père fasse irruption dans ma chambre et ouvre les volets. Qu’il soulève la couette, et me force à me lever. Une contrainte sans un mot, mais avec le froid qui court sur mes jambes dénudées, je vous prie de croire qu’on y reste pas longtemps, dans cette chambre qui ressemble en ces heures à un pigeonnier exposé à tous vents. Deux minutes et vingt sept secondes de répit. Un peu moins maintenant. Alors j’en profite comme je peux.
Une belle voiture bleue sur une route de campagne. Une fille avec un bandana dans les cheveux. Moi au volant. J’ai peur. Pas de la route, c’est sûr, elle est plutôt accueillante. De quoi ai-je peur ? Laura. Elle est là. Elle est furax. Et puis une pomme tombe de l’arbre et la belle au bandana me fait du bouche à bouche dans la voiture qui continue sa course folle.
Mon temps est écoulé. Je me lève. Lourdement, j’ai mal au crâne. Je me tâte la tête ; une bosse l’orne en son sommet. La pomme n’était pas virtuelle.
Petit dej’ en silence, comme d’habitude. Une douche ; un lavage de dents vite fait. Je retourne fermer la fenêtre. Et m’habiller. Mes habits sont préparés sur ma chaise. Non, ils n’y sont plus. Pourquoi traînent-ils par terre ? La suite des matins identiques est rompue. Je suis réveillé avant de monter dans le bus. Ce n’est pas normal. J’aime pas ça.
Que lui est-il arrivé ? Le petit bonhomme bleu et noir est décapité sur mon bureau. On a tenté de le cicatrisé à coup de scotch, mais apparemment ce n’était pas un bon chirurgien qui a opéré.
Mon rêve. Etait-ce un rêve ? Tout est clair. Laura ; que voulait-elle faire de cette figurine ? Pourquoi me l’a-t-elle confié pour me la briser ? C’est d’elle ce cadeau. J’en suis sûr.
Je n’ai pas le temps. Ces bêtises qui n’en sont pas m’on mis en retard. Je dois maintenant courir pour avoir le bus de 7h12.
Je suis intrigué.