Fragment #62 – Printanière de légumes.

11h47. Il ne fait pas bien chaud devant l’amphithéâtre Aristote-Platon, d’où doit sortir Lilian d’ici un quart d’heure. Mains dans les poches, nez dans l’écharpe, on se croirait en plein hiver, pourtant aujourd’hui c’est le printemps. Le printemps c’est les fleurs et pas la grêle comme hier soir. Le printemps c’est le soleil et pas la pluie. Le printemps c’est tous les ans. Tous les ans pareil, chaque année différent. Le printemps c’est les bourgeons au bout des branches, la période de rut. Le printemps c’est la saison des amours et de la reproduction. On y plante salade et pomme de Terre. Au printemps, carotte et céleri, petits pois et haricots vert sont mis en Terre -il faudra que j’aille aider mon grand-père à Laroche-Milay-. Le printemps c’est la saison du renouveau, des nouveaux départ, des on oublie tout et on recommence. Le printemps c’est aujourd’hui et pour trois mois.
Il n’est apparemment pas pressé de sortir. C’est parmi les derniers qu’il franchit les portes. Du haut de son escalier, il ne m’aurait pas cherché, non, il attend d’être au niveau de cette foule, au milieu de tous ces gens, pour se mettre à tourner la tête. Heureusement, un peu plus grand que la moyenne, je ne le quitte pas des yeux. Il se retourne dans tous les sens. Ce petit jeu dure quelques longues dizaines de secondes avant que je ne m’avance vers lui.
En route pour le RU. Il veut encore parler de Julian. Je n’ai rien de plus à lui dire que dimanche. Il me dit que ça fait longtemps qu’il n’a pas vu Lola ; et me demande si ça me ferait plaisir de voir la petite Ko. On pourrait y aller ensemble. Bientôt. Il a l’air d’insister. Nous en reparlerons, nous voila arriver.
Je prends un yaourt à la mûre, une banane, du coq au vin avec une printanière de légumes. C’est de saison.