Altaïr
| Sujet: Fragment #29 - Opéra Lessive 09.04.08 16:25 | |
| Jeudi 15 juin 2006 à Dijon Non. Bien sûr que non. J’ai tout de suite refusé. Partir à Paris, et tenir la chandelle en compagnie de Nalvenn et de son cher fiancé, je n’ose imaginer pire supplice. On pourrait soumettre cette idée à l’intendance des Enfers. Quelle prétention ! Comme si personne n’y avait déjà pensé avant moi. Qui sait… peut être l’inventeur de l’expression « tenir la chandelle », tout simplement. Je me souviens maintenant, oh oui, de ces jours au lycée en compagnie de Nalvenn et Mathieu, son ancien petit ami dont j’ignore ce qu’il est advenu après leur fracassante rupture. Et puis Sébastien est arrivé… et tournez manège ! Nalvenn attire les hommes en foule, avec son accent et ses yeux islandais. Le lycée en sa compagnie ressemblait à un véritable soap opera, et moi, qui étais-je à part un simple spectateur, l’oreille du bougre qui, dans sa grande mansuétude, se borne à écouter ? Oh bien sûr il y a eu quelques amourettes de lycée, mais jamais sérieuses comme celles de Nalvenn. Et puis j’ai quitté ce gigantesque opéra lessive qui n’était pas le mien, pour entrer à la fac, lavabo géant de mes propres amours-savon. D’abord Laura et sa frénésie embrasée, puis un long vide avant que je ne me penche sur Nalvenn, suivi du retour succinct de Laura et, ensuite, l’arrivée dans ma vie de Jill. Petit bilan de mes élans cardiaque. Cédric Klapisch avait raison. Les filles sont comme des poupées russes, elles se succèdent sans que l’on sache jamais qui sera la dernière, la bonne, la « vraie ». Au fond, est-ce qu’elle existe, la vraie ? J’ai l’impression d’être le personnage d’un scénario de film… Jill s’est changée en Uma Thurman, blonde vengeresse, et me voilà depuis presque une semaine à gamberger dans mes ténèbres broyées. Qu’espérait-elle ? Retrouver les abrutis gorgés d’alcool qui ont tabassé son père, leur découper les membres et voir leurs corps projeter en tous sens des fontaines de sang ? C’est ça que tu veux Jill, devenir la Déesse du Sang et de la vengeance ? Je n’avais jamais haï quelqu’un avant toi. Je bascule sur mon lit. La chaleur est pesante dans mon petit temple du sommeil. Je me dirige vers le frigo, mais c’est le néant à l’intérieur. Soupir. Il va falloir sortir acheter à manger. Sortir… et tout recommencer. Réapprendre. Le miroir d’abord. Il est redevenu bien difficile de sourire. Mon petit palais de la gourmandise n’a pas encore fermé à cette heure ; ce soir les pâtisseries tentatrices auront raison de moi. | |
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