Mintaka
| Sujet: Fragment #48 - Hors jeu 12.04.08 16:33 | |
| Samedi 24 février 2007 à Dijon D’un pas décidé, je marche dans la rue glissée dans ma nouvelle petite robe qui laisse entrevoir les prémices de mon enfant. Je me rends Place Grangier, bien décidée à mettre Julian face à sa lâcheté, et à lui dire que quoi qu’il fasse, je garderai cet enfant, et lui donnerai de l’amour pour deux s’il le faut. Je crois que je lui en veux un peu de son silence depuis que je lui ai appris ma grossesse. Bien sûr il avait le droit d’être choqué, d’avoir peur… Mais s’est-il demandé une seule seconde combien je pouvais flipper moi ? Mais moi je ne peux pas fuir, où que j’aille je porte son enfant dans mon ventre, au plus profond de mon être… et il commence d’ailleurs une carrière de footballeur si j’en crois les coups qu’il donne ! Ma tête n’a pas été assez attentive à mes pieds qui m’ont déjà emmené à destination. Je suis face à la porte de son « Temple du sommeil » où il passe tout son temps depuis qu’il a arrêté la fac. Même remontée contre lui, ma main tremble un peu au moment de frapper. J’entends ses pas arriver jusqu’à la porte. Il ouvre et reste planté là, sans savoir quoi dire ou faire. « Je fais si peur que ça ?... - Mais non…t’es bête… tu fais pas peur… mais heu… » Ses yeux fixent les miens, puis descendent jusqu’à mon ventre déjà arrondi. « Tu comptes laisser une femme enceinte sur le palier ? je lui lance cyniquement. - Bien sur que non, entre… - Tu dois te demander ce que je fais là hein. Surtout après ton silence-radio ces derniers jours… - Tu sais Lola, je suis désolé… c’est que… - Moi aussi je suis désolée que tu aies été si lâche vis-à-vis de tout ça. Tu n’imagines pas combien j’avais besoin de toi, de ton soutien, de t’avoir près de moi… - Je sais, mais c’était trop dur. J’ai peur tu sais… - Et tu crois peut-être que pour moi tout est simple ? Que je ne vis pas la peur au ventre depuis que je sais que je porte ton enfant ? - Mon enfant… - Et oui Julian, c’est ton enfant qui est là, en moi, que tu le veuilles ou non. Et je suis venue te dire que quoi qu’il arrive, il viendrait au monde. Jamais je ne pourrais continuer à vivre en sachant que j’ai empêché ce petit être de vivre tous les bonheurs qui l’attendent. - Tu vas trop vite pour moi Lola tu sais… » Je savais que j’allais m’énerver, que j’étais incapable de rester forte devant les choses qui me touchent de trop près. Je sens le rouge me monter peu à peu aux joues, en même temps que les larmes. Je me lève et me tiens face à lui. Je hurle. « Tu sais Julian, j’te demanderai rien si tu veux pas de ce bébé. J’arrêterais même de t’appeler ou de venir te voir si c’est ce que tu veux. D’ailleurs, c’est ce que je vais faire maintenant. Je vais partir Julian, et rassure toi, le bébé et moi on se tiendra éloignés de toi, on ne chamboulera plus ta petite vie égoïste. Salut. » Je me retourne et claque la porte violemment, jusqu’à ce que les murs tremblent aussi fort que mes mains. Je reste le dos collé à la porte, pétrifiée, blessée. Je m’apprête à partir quand la porte s’ouvre enfin et me laisse nez à nez avec Julian, en larmes, abattu. « Lola, je veux pas te perdre… » Je me jette dans ses bras et pleure à chaudes larmes comme dans un vieux mélo de seconde zone. Tout à coup il se libère brusquement de mon étreinte et fixe mon ventre, apeuré. « Il… Il… Le bébé… il a bougé je crois... - Ah oui, j’t’ai pas dit, si c’est un petit mec, il y a des grandes chances pour qu’il soit footballeur, ou boxeur à la limite… ! - Lola … je te veux toi, je vous veux tous les deux. Boxeur, footballeur ou quoi que ce soit, je veux t’aider à t’en occuper… si tu veux encore de moi. » Je le regarde malgré la buée qui encombre mon champs de vision. Il a l’air si fort tout à coup. A des millions d’années lumières du Julian perdu et effrayé qui se tenait devant mes yeux il y a encore quelques minutes. A présent je sais qu’il sera fort pour moi, pour nous, et pour toi… mon petit footballeur ! | |
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