Alsciaukat
| Sujet: Fragment #21 - FP 12.04.08 16:47 | |
| Jeudi 5 octobre 2006 à Tours Une vague de rire secoue la classe, à peine écorchée par le roc que je suis au milieu de ces flots de bonne humeur. Je ne prends même pas la peine de prendre l’air agressif pour les dissuader, maintenant qu’ils ont tous du comprendre, le prof y compris. Je regarde simplement dans le vide, attendant que le cours reprenne, une fois que les effets de la plaisanterie seront dissipés. Monsieur Naroa a un petit sourire satisfait, voyant que tous les élèves sont à ses pieds, guettant le prochain jeu de mot au milieu des cours. Puis son visage redevient sérieux et il reprend le cours. Ma main s’agite seule pour noter ce qu’il déblatère. Devant moi, les cheveux de Jeanne tombent en cascade sur ses épaules. Jeanne. Mes doigts s’immobilisent doucement, tandis qu’en fond la voix puissante du prof continue son cours, et que mes pensées se mettent à dériver. J’aime bien ce prénom. Jeanne. Cela sonne bien. Je n’avais jamais du y faire attention. A côté d’elle il y a Thomas. Thomas. Moins beau. Encore devant, Alexandre et Marie. Deux beaux prénoms, pourtant. Alexandre surtout sonne très bien. Je le fais rouler dans ma tête. Le x est du plus bel effet. Alexandre. Marie est un petit peu plus banal, mais reste joli. Je parcours le reste de la classe du regard, faisant sonner chaque nom dans mon esprit pour profiter des sonorités. Edouard, Paul, Elise, Mikaël, Antoine, Jérôme, Anthony, Georges… C’est drôle, comme ces prénoms sont beaux, comparés à ceux que je m’amusais à inventer étant plus jeune. Comment ont-ils été inventés ? Qui a su créer l’alchimie de chacun d’eux pour en faire des top-modèles sonores ? Je m’humidifie les lèvres et tente tant bien que mal de rattraper le fil du cours. C’est stupide de l’avoir abandonné ces quelques minutes pour d’aussi vaines pensées, maintenant je suis perdu. Je regarde discrètement la feuille d’Edouard, à côté de moi, en prenant bien garde qu’il ne s’en rende compte, afin de copier ses notes désordonnées. Ils n’ont pas trop avancé. J’oublie les prénoms pour tendre vers un objet et en créer une image. Vivent les cours de français-philosophie. | |
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