Fragment #65 - A ma place

J’ouvre doucement les yeux sur ce nouveau matin ensoleillé. Le soleil passe déjà à travers mes volets pour venir caresser mon visage encore marqué par les draps. Ce sera encore une journée belle, mais chaude… Plus mon ventre s’arrondit et plus je supporte mal cette chaleur pesante et lourde qui règne sur Dijon en ce moment. Et ce n’est que le début de l’été ! Je me mets à rêver, malgré le fait qu’il ne soit que 10h30, d’une bonne Manzana glacée, bourrée de glaçons !
L’envie s’insinue dans mon esprit sans même que j’y puisse contrôler quelque chose.
Une Manzana Lola ? Et pourquoi tu n'irais pas la boire au Dionysos ?
Le Dionysos, Julian. Je n’ai pas cessé de penser à lui depuis jeudi dernier. J’ai beau me dire que c’est cette histoire de cassette qui me turlupine, c’est faux. C’est lui et lui seul qui hante mon esprit. Cette impression bizarre que mon cœur s’est emballé quand je l’ai revu. Ses yeux toujours si sombres et mystérieux, son visage d’ange noir, ses mains, sa peau que j’ai frôlée tant de fois…
Je me lève, file sous la douche. L’eau fraiche ruisselle sur ma peau, mes épaules et mon ventre bombé, comme une pluie d’été rafraichissante. J’attrape une serviette, plus assez grande pour me recouvrir toute entière, et me dirige dans ma chambre. Un pantalon ? Ce tee-shirt ? Non, je vais mettre ma petite robe préférée… Je l’enfile donc et attrape mon sac sans prendre le temps de sécher ou même brosser mes cheveux.
Les rues sont pleines de gens en shorts et en chemisettes. Pleines d'amoureux et de gens qui flânent au lieu de courir. Le Soleil rend les gens heureux, on dirait. Je passe la porte du bar. A l'intérieur, tout est vide. Comme abandonné pour un Soleil plus chaleureux. Derrière le bar, j'aperçois Julian. Il lève les yeux vers moi et me décroche un sourire comme rarement je n'en ai vu de si boulversants.
Je m'approche de lui en lui rendant son sourire. Mon regard se pose sur ses lèvres, belles et lisses, qui murmurent quelque chose que lui seul peut comprendre. Il n'a donc pas perdu cette habitude de se parler à lui-même !
Il me demande ce que je deviens, je lui explique que j’ai finis mes examens et que j’avais envie de passer le voir.
Chaque mot est appuyé par nos yeux qui ne se quittent pas un seul instant.
Je t'aime Julian. Plus comme avant, non, bien sur. Mais peut-être encore mieux, encore plus.
Je t’aime de cet Amour indestructible et mystérieux dont s’aiment les amants quand les liens charnels n’existent plus. Je t’aime de cet Amour intemporel qui survivra à tout. Qui nous survivra même à nous, dans les yeux de notre fille. Je t’aime de cette tendresse emprise de regrets et de souvenirs, de cette force qui n’a même pas besoin de mots. Je t’aime de cet Amour que plus rien ne pourra altérer, figé pour toujours par tout ce qui nous aura unit.
Jamais je ne pourrais te dire tout ça, mais qu’importe ? En un seul regard tu peux lire en moi, en une seule seconde tu me devines, comme tu l’as toujours fait.
Près de toi, je me sens bien, comme à ma place.
Près de toi, Nous sommes heureuses…