Mintaka
| Sujet: Fragment #78 - Il est temps 12.04.08 17:32 | |
| Mardi 18 septembre 2007 à Dijon « Ce te tente une petite soirée entre filles ce soir Lolinouche ? Toutes les filles seront là, on attend plus que toi ! 20h chez moi. » Un message de Zoé. Cette génialissime Zoé qui ne m’a jamais laissée tomber ou oubliée depuis le début de ma grossesse. C’est vrai que je m’ennuie à mourir ici. Papa et Maman sont géniaux avec moi, ils sont toujours aux petits soins, toujours à l’écoute du moindre de mes désirs… et j’aurais même un peu tendance à en profiter ! Mais j’ai besoin de bouger, ou j’ai l’impression que mon ventre va finir par m’engloutir toute entière ! Je lui réécris tout de suite : « Pas de soucis ! J’ai hâte… » Il est déjà 18h. C’est tout Zoé ça ! Les soirées prévues à l’arrache, les petites surprises. Je me fais belle, autant que je peux du moins ! J’enfile ma plus belle robe de grossesse en me disant que c’est peut-être la dernière fois que je la mets. Je n’aurai peut-être plus l’occasion de me faire belle avant que Kokhavah arrive. Ca arrive tellement vite… Je me rappelle encore du jour où j’ai appris à Julian que j’allais avoir un bébé, que NOUS allions avoir un bébé. Et puis ces huit derniers moi. Ces joies, ces peines, ces moments de solitude. Jusque là, maintenant, où l’accouchement est presque imminent. Maman passe la tête dans l’embrasure de ma porte : « Bah qu’est ce que tu fais Lola ? Pourquoi tu mets ta belle robe ? - Zoé vient de m’inviter à passer la soirée chez elle avec les filles Maman, alors je me fais belle ! » Elle se laisse tomber sur mon lit, abasourdie. - Mais enfin Lola ce n’est pas sérieux tout ça ! Le médecin t’a dit de rester tranquille, et puis tu sais bien que tu peux accoucher d’un moment à l’autre maintenant. - Attends Maman je pars pas faire une rave party dans les bois non plus ! Je suis chez Zoé, elle a des canapés, et même un téléphone au cas où on devrait appeler les urgences ! Et puis je le sentirais si je devais accoucher d’une minute à l’autre non ? - Bon, de toute façon je ne peux pas t’empêcher de faire ce que tu veux hein… Mais fait attention à toi ! - T’en fais pas Maman, tout ira bien. Allez je file, j’vais aller lui chercher un petit bouquet de fleurs avant d’aller chez elle. » Je l’embrasse, la serre dans mes bras. A mon tour de la rassurer, pour toutes les fois où c’est elle qui m’a serré contre son cœur pour chasser mes craintes. J’arrive chez Zoé avec mon joli bouquet vers 19h45, et toutes les filles sont déjà là… un verre à la main ! Elles me sautent toutes dessus, me serrent dans leurs bras. Comme elles m’ont manqué ! Je me sens comme une gamine à leur contact. Je ne suis plus vraiment « Lola, la future Maman », je suis juste « Lola, la jeune fille de 20 ans, qui aime s’amuser », et ça fait du bien. Toute la pression tombe. La musique, les histoires futiles et « girly » de mes copines, les mecs qui passent, ne restent pas forcément ! Clara nous raconte son nouvel amour. Ma petite Clara qui aurait enfin trouvé chaussure à son pied ! Le tout arrosé de vodka-pomme pour elles, de Champomy pour moi, et de tous ces petits gâteaux salés qui m’ont tant manqué et dont je raffole ! Au fur et à mesure que la soirée avance, je sens que ces mêmes gâteaux apéro commencent à me peser sur le ventre. « Ca va Lola, t’as l’air toute patraque ? - Ouais, ouais t’inquiète Gwen, j’ai juste dû abuser des cacahuètes ! » La soirée avance, et les crampes d’estomac deviennent de plus en plus gênantes et désagréables. Je suis trop bête d’avoir abusé des bonnes choses comme ça, je ne veux pas que ça me gâche la soirée. « J’reviens les filles, j’vais aux toilettes. - T’es sûre que ça va hein Lola ? - Mais oui rhô ! Arrêtez on dirait ma mère ! J’ai juste une petite chose de presque 3kilos qui m’appuie sur la vessie, je vous passe les détails ?! » Je m’éloigne sous leurs gloussements. Je veux faire bosse figure devant elles, je ne veux pas avoir de traitement de faveur. J’arrive dans la salle de bain et m’agrippe au lavabo. Mon ventre me fait un mal de chien. Les crampes sont de plus en plus rapprochées et me font de plus en plus mal. Saloperie de fierté. Je commence à flipper en plus. « Lola ? Ca va ? - On peut plus pisser tranquille ici aaaaaaarg ! » Cette fois j’ai vraiment mal, et les filles l’ont entendu. « Lola ! Ouvre la porte ! Qu’est ce qui va pas ? » J’arrive à tourner le loquet de la porte, et je m’affale par terre. Les filles me relèvent et me trainent comme une grosse baleine échouée jusqu’au canapé. « Tu veux qu’on appelle tes parents Lola ? Tu veux qu’ils viennent te chercher ?! - Non les filles, j’préférerais que vous appeliez les urgences en fait. Je crois que j’suis en train d’accoucher… » | |
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