Altaïr
| Sujet: Fragment #39 - Si j'étais sage 09.04.08 16:58 | |
| Jeudi 13 juillet 2006 entre le Kremlin-Bicêtre et Paris A mon réveil, il est presque seize heure. Il fait chaud. Rien envie de dire hormis cette remarque peu perspicace et purement climatique. La vie parisienne m’a coulé dans une paresse indolente et flegmatique, dans le ronron boueux des automobiles et ce cagnard pesant. Je m’étire sur le canapé, sous le fin drap blanc qui sent un peu la transpiration et ne tarde pas à finir par terre, attrape mon carnet et mon crayon pour relire les annotations que Nathan a apposé sur mon dernier écrit. Mon regard parcourt la feuille sans lire, il effleure les mots, ces tapisseries d’encre sans significations. La soirée de la veille a été un peu folle, une longue succession de flashs sonores et lumineux viennent heurter ma conscience, dépourvue de trame logique. Je revois des bribes de cette nuit sans fin, de cette nuit sans fins. Pas moyen de se concentrer. Gueule de bois. Je n’aurais pas dû boire cette bouteille avec Gautier. Mon champ de vision a du mal à suivre les mouvements de ma tête. Je me sens mal, mais je me sens bien. Mon cahier glisse sur mon torse nu, et mes yeux se perde dans la blanche pâleur du plafond. Les heures passent. Nathan rentre enfin, troublant à peine le silence qui me noie dans son appartement. Comme à son habitude, il ne parle pas. Mur de granit. Non pas hostile, je sens d’ailleurs que ma présence ici, que j’ai longtemps cru gênante, le rassure – il ne fait pas bon d’être seul – mais fermé. Nathan s’installe devant son ordinateur. Je vais prendre une douche. La moiteur quitte ma peau salie par la nuit. Mon corps, nu, dans ce volume fermé, à des kilomètres de chez moi. Quelques pensées pour la bourgogne, éphémères. J’ai reçu un texto de Gautier :
« On bouge ce soir? » Evidemment, si j’étais sage et responsable, un être soucieux de la sécurité de ma personne, je répondrais non. Mais la logique imparable des « si j’étais » m’invite à accepter une nouvelle soirée d’alcool et de fête, sous la chaleur vespérale. J'ai l'impression de (re)vivre.
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