Alsciaukat
| Sujet: Fragment #51 - EVDF 12.04.08 19:56 | |
| Dimanche 28 janvier 2007 à Saint Avertin Je devrais travailler. La prépa ne consiste pas seulement en l’apprentissage de données, leur réutilisation lors d’un partiel, puis leur oubli. La prépa marche au contrôle continu, et chaque parcelle d’information apprise risque de resservir à la fin des deux ans, lors des concours. Il ne faut rien oublier. La méthode d’apprentissage est dès lors radicalement différente. Le bachotage, bien que ce ne soit pas là ma propre technique, est hors de question, puisque même les meilleures notes lors des devoirs n’assurent en aucun cas la moindre place en école d’ingénieur. Seul un apprentissage systématique et tenace permet éventuellement de s’en sortir. En soi, il n’y a pas tant à retenir. Ce qui me fatigue, c’est la manière inexorable dont les nouveaux cours arrivent, sans cesse, sans pause, continuellement. Nous sommes engloutis sous les dizaines de leçons. L’intérêt de tout ça ? Déterminer qui engrange le plus. Tout n’est pas inintéressant, loin de là. C’est seulement lassant. C’est le travail d’une machine. Et puis je change. Je le sais, je ne peux pas ne pas m’en rendre compte. Je crois qu’il y a quatre mois encore, j’aurais été heureux de pouvoir me comporter comme une machine. Aujourd’hui cela me lasse. La répétitivité du travail me plonge dans une sorte de fatigue étrange et dérangeante. Je ne fais plus la différence entre toutes les formules, je me contente de les appliquer implacablement, les unes après les autres, pour parvenir à la meilleure note. Et ce n’est plus ce que je désire. Je voudrais du changement. Je voudrais ne plus voir Marie, ne plus voir Alexandre, ni Georges, ni Jérôme, ni Jeanne. Je pourrais sans le moindre problème leur balancer tout ce que je sais, tout ce que je pense, leur dévoiler le jeu vicieux auquel je me suis livré avec eux, et dont Georges a l’air d’avoir vu les prémices tout au moins. Mais dans quel but ?... Me retrouver de nouveau sur internet, à discuter avec des gens sans intérêt, me moquer d’eux sans que jamais ils ne s’en doutent ? Me retrouver, en cours, seul, comme avant, à écouter le cours se passer sans le moindre accroc, notant simplement, écoutant vaguement, l’esprit perdu dans mes dimensions ? Qu’y a-t-il finalement de si intéressant à penser ?... Et Nathan ne vient plus pour me distraire, il ne se connecte plus. Il doit m’avoir bloqué, puisqu’il n’a sans doute pas perdu son travail, d’après ce qu’il me disait, et je ne vois pas ce qu’il peut faire d’autre là-bas qu’aller sur internet… Ou peut-être est-il mort. L’adresse msn qu’il m’a donnée est toujours inactive, à croire qu’elle appartient à un autre mort. Vanité… Espaces vectoriels de dimension finie. | |
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