Bételgeuse
| Sujet: Fragment #40 - Réveil 12.04.08 20:29 | |
| Mercredi 23 août 2006 à Dijon Ai-je dormi ? Je ne crois pas. Je me pose cette question de plus en plus souvent, l’insomnie m’ouvre à nouveau ses bras réconfortants de brouillard, et je me vois y replonger avec délices, tous les délices que l’on peut trouver dans une vie où l’on n’est ni jamais éveillé, ni jamais endormi, un entre-deux brumeux et léger où il fait bon s’oublier.
Ai-je dormi ? je ne crois pas. Toujours est-il que le soleil pointe le bout de ses rayons à travers les minuscules trous, invisibles à l’œil nu, que l’on voit ainsi apparaître dans mes volets de bois épais. Ma tête balance d’un coussin à un autre, tandis que je découvre une raideur dans mon dos ; quelques vertèbres craquent. Je tourne la tête, et le vois, Lui, demi-Dieu vivant, allongé comme moi sur le sol, quelques coussins éparpillés autour de Son corps long et fin et puissant et si délicieusement Lui.
Il s’est endormi. Depuis combien de temps ?
Je déglutis ; observe Son corps. Ses paupières remuent légèrement, mais Il ne semble pas décidé à se réveiller. La chaleur du désir monte et descend en moi. Je déglutis. M’approche de Lui sans faire de bruit, dépose mes lèvres doucement sur son épaule, puis un autre baiser un peu plus loin, je sens que mes lèvres s’intègrent à son rêve ; bientôt il commencera à quitter doucement le pays de son psyché enfoui.
Je passe ma jambe droite par-dessus Lui, au niveau de son bassin, et mon bras droit me soutient du côté de son oreille gauche. Mes lèvres se perdent dans son cou, descendent le long de la ligne du milieu de son torse, ma langue se joint à elles, il émet un petit soupir. Sa peau a un léger goût de sel.
Son corps nu ; mes lèvres se régalant de sa peau douce et ferme. Puis ma langue entre en contact avec son sexe, d’abord vers la base ; elle remonte ensuite lentement, jusqu’au gland, que mes lèvres entourent d’une délicatesse humide et chaude. C’est bientôt ma bouche entière qui se régale de lui, ma langue dessinant des symboles étranges sur le corps de son plaisir. Il est plus âcre que d’habitude, un peu plus amer, aussi. Je remonte à sa hauteur, étalant les restes de son sperme avec la main, sur son ventre, et jusqu’à son téton gauche, sur lequel ma main s’affale.
Il relève la tête avec difficultés, et dépose sur mes lèvres un baiser-bonjour tout doux. Je pose la tête sur son torse, et ferme les yeux.
Ai-je dormi ? Je ne crois pas. Cette fois, il est éveillé, enfin à peu près, il glisse son souffle dans mon oreille, me dit qu’il essaie, mais ne me comprend pas. Pourquoi cet état de nerfs ? Pourquoi tout cet alcool ? je lui répond que c’est ma vie.
« Sylvia… Dans fucking friends, il y a friends. S’il te plaît n’oublie pas ça. Je ne te jugerai jamais. Enfin, j’essaierai. »
N’oublie pas.
J’essaierai. | |
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