Alsciaukat
| Sujet: Fragment #93 - Les tâches au plafond 13.04.08 16:54 | |
| Jeudi 28 juin 2007 à Saint Avertin Alors voilà. Les vacances sont arrivées. Je n'arrive pas à savoir si je dois m'en estimer heureux ou non. D'un côté, pour une raison que je n'arrive pas vraiment à saisir, je suis content que cela s'arrête, content de ne plus voir Marie et Alexandre, de ne plus voir Georges. De ne plus aller en cours... D'un autre côté, ce n'est pas mon habitude d'aimer les vacances, particulièrement maintenant que je ne vais plus guère sur msn que pour parler à Julian, parfois à Georges. Mais j'ai changé, durant cette année, j'en ai conscience. Je saurai me contenter d'un coucher de soleil. J'espère juste que, de temps en temps, je pourrai le partager avec Léa. Elle parle peu. Elle reste, le plus souvent, les yeux dans le vague, concentrée sur des pensées qui paraissent inaccessibles. Et puis, quand on lui parle, elle sourit, avec un air toujours un petit peu absent, répond à la question, et de nouveau plonge dans une contemplation abstraite de ce qui l'entoure. Elle est calme. Parfois elle a quelque chose à dire, et d'un simple geste elle parvient à le faire comprendre ; Jérôme et Christelle se taisent en se tournant vers elle, et c'est dans un profond silence qu'elle peut exprimer son opinion. C'est comme si les contraintes de la vie n'avaient pas vraiment de prises sur elles, comme si elle les contournait parce qu'elle n'avait pas besoin de les voir. Je sens le sang quitter mes bras, lentement. Les mains sous la tête, la tête dans l'oreiller, allongé sur mon lit, je laisse mon regard se perdre au gré des motifs laissés par le temps sur le plafond. Bientôt je ne sentirai plus mes bras. Ce sera comme si j'en étais dépourvu, je ne pourrai plus me relever. Voilà au moins l'avantage des vacances : avoir son temps. Je peux rester comme ça tout l'après-midi durant si je le souhaite. Je n'ai rien d'autre à faire, rien d'autre à penser. Peut-être relirai-je mes cours vers la fin des vacances, mais j'ai au moins un mois sans quoi que ce soit devant moi. Rien de prévu pour ces vacances. J'espère que Jérôme va revoir Christelle. Sans aucun doute. Ils voudront être seuls. Bon sang. Si cela continue, elle va venir habiter ici. Non, bien sûr que non, pas si vite, Jérôme n'est pas ainsi. Il est plus calme, plus réfléchi, il n'agit pas dans la précipitation. Et pourtant, comme j'ai l'impression que les choses ont été rapides, entre eux !... D'un autre côté, leur rencontre remonte à plusieurs mois déjà, et ils ont passé une semaine ensemble à Pâques. La vie va si vite. Les cours retiennent sans problème mon attention et se gravent profondément dans ma mémoire, mais les évènements s'enchaînent trop rapidement ; la réalité des choses continue de m'échapper. Mes yeux se ferment seuls. Je ne sens plus mes bras. Les tâches du plafond se dessinent un instant sous mes paupières, puis les contaminent entièrement. | |
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