Fragment #123 - Un samedi de vacances

Je suis dans mon lit. Je n'arrive pas à bouger. Du calme, ce n'est rien. Ca me le fait parfois quand je suis à demi endormi, je me retrouve allongé, incapable du moindre mouvement. Je ne peux même pas écarter mes paupières. Je peux seulement respirer. Je sais ce que je dois faire pour bouger à nouveau. Je respire fort, j'essaie de penser plus vite, j'accélère le rythme des pensées, et sens mon coeur qui cogne un peu plus fort. J'essaie de serrer mon poing de toutes mes forces, et je sens mes doigts commencer à bouger. Là, il s'agit surtout de ne pas lâcher. Continuer de forcer, me concentrer là-dessus. Mes doigts frottent contre les doigts. Ca y est, mon poing est serré, et ma jambe se tend brusquement, dans un gigantesque effort. Je peux bouger.
Il fait complètement noir. Je ne sais pas où je suis. Suis-je à Saint Avertin ou à Joué-lès-Tours ? Mince, je ne sais pas de quel côté je dois sortir du lit. Je ne sais pas quel lit c'est. Je me lève, il fait toujours aussi noir. Je marche, il y a une porte ici, qu'est-ce qu'elle fait là ? Je ne sais pas où je suis. C'est un mélange de mes deux chambres. Je suis dans un couloir.
J'ouvre les yeux. Je suis à Joué-lès-Tours. Dans le lit. Je rêvais. Je regarde l'heure. Neuf heures et demie. Zut, j'ai oublié de mettre mon réveil pour aller petit-déjeuner avec Léa, elle a mangé toute seule pendant que je dormais. Les cours de ce matin ont été déplacés à lundi dernier, afin que nous soyons en vacance vendredi soir. Vendredi midi, même, pour moi, puisque je n'avais pas cours de l'après-midi. Je me lève rapidement, l'esprit à présent totalement clair. Cette fois je ne rêve plus. Je prends quelques affaires propres et sors en caleçon pour aller prendre une douche.
Je me mets nu, allume l'eau pour qu'elle chauffe. J'ajoute de l'eau froide jusqu'à ce qu'elle soit à la bonne température. Je me mouille le corps, accroche le pommeau de la douche à son support afin de continuer à profiter de la chaleur en m'appliquant le shampoing. J'en verse au creux de ma main et commence à le mélanger à mes cheveux. Sur le dessus du crâne, puis sur l'arrière. Sur les tempes. J'éteins l'eau, prend le gel douche et me frotte le corps. Les bras, les aisselles, le pubis. Les fesses, les cuisses, les mollets, les pieds. Je finis par le torse et le dos. Comme toujours.
Je rallume l'eau, la remets à la bonne température et me rince, en finissant par les cheveux. Me voilà propre.
Je saisis ma serviette et commence à m'essuyer en restant dans la cabine de douche afin de ne pas mouiller le sol. Puis je sors en restant sur le tapis de bain, m'y sèche les jambes et les pieds. Un rapide coup de déodorant, et je m'habille. Polo, sweat, boxer, chaussettes, pantalon.
Je dépose mon caleçon de nuit dans ma chambre et descends pour petit-déjeuner. Christelle entre dans la cuisine.
« Salut Léo ! Bien dormi, pour ton premier jour de vacances ?
- Hello. Ca va, c'était plutôt sympa. Et toi ? »
Elle me sourit, comme toujours.
« Ca a été. Tu sais à quelle heure finit Léa ?
- A dix heures. »
Encore un sourire. Elle m'aime vraiment, je crois. Un peu comme son fils. Et je l'apprécie également. C'est étrange. Elle sort de la pièce, me laissant manger. Nous allons passer le soir de Noël tous les quatre. Christelle n'a plus de famille où aller, et du côté de Jérôme, il y a eu quelques soucis qui ont conduit à l'annulation de ce que nous devions faire. J'ai acheté un bouquin et un dvd à Jérôme, et un coffret de parfum à Christelle. Pour Léa, j'ai trouvé un manteau que je trouve joli, assorti à une écharpe et des gants. J'espère que cela va lui plaire. Qu'elle ne va pas le prendre mal. Je verrai bien.
Il est dix heures. Léa sera là dans un quart d'heure environ. Je crois qu'elle veut aller au cinéma, cet après-midi. J'ai hâte de la voir.