Alsciaukat
| Sujet: Fragment #137 – Echecs 13.04.08 18:21 | |
| Mardi 1er Avril 2008 à Joué-lès-Tours et Tours Petit anneau d'argent... Coton-tige, Diaseptyl, nettoyage rapide. Bientôt je n'aurais sans doute plus besoin de faire ceci, la cicatrice se soigne rapidement. « Léo, tu es prêt ? - Quasiment ! J’arrive. » Je ferme le produit, le remets à sa place sur l’étagère et sors de la salle de bain. Léa m’attend, bien habillée, assez chaudement pour faire face aux températures changeantes de ce mois de mars, parée également à se protéger des giboulées qui arrivent encore de temps en temps. Bien. Nous descendons les escaliers ensemble, revêtons nos manteaux et enfilons nos chaussures. « Christelle, Jérôme, on est partis ! - Ca marche. » Sa voix vient du salon, où elle se trouve avec Jérôme. Elle va bientôt être en congé maternité, je ne sais plus quand exactement. De toute façon les vacances sont presque là. Je grimpe du côté conducteur tandis que Léa s’installe à côté de moi. Moteur. Ca tourne. Nous voilà en route pour Tours. Le trajet passe rapidement, occupé par nos discussions sur le temps, les cours, nos parents. Finalement nous arrivons à destination et nous garons sur le parking François Mitterrand. Léa descend de la voiture en riant et en regardant le ciel. Je la rejoins et lui effleure la taille. Il ne fait pas beau, certes, mais ça ne fait rien. Nous sommes juste là, ensemble, c’est ce qui compte. Pas besoin toutefois d’un parapluie. Nous sortons du parking pour rejoindre la Place Plumereau où nous attendent ses amis. En marchant nous continuons de discuter, comme si nous nous rencontrions pour la première fois. Je ne savais pas qu’une telle relation était possible, et je ne m’en veux pas d’être passé à côté de telles choses tout ce temps, simplement parce que dans le cas contraire, je ne l’aurais peut-être pas rencontrée… Merci, Jérôme ! Tu as quand même été utile une fois dans ta vie. La Cabane. C’est ici que nous nous arrêtons. Comme nous sommes un peu en avance, je sors un paquet de cigarettes de ma poche de manteau et en sors une que je tends à Léa. Elle s’en saisit en souriant et l’allume tandis que j’en prends une pour moi. Je l’allume sur l’extrémité incandescente de la jolie demoiselle qui me fait face. « C’est pas très bien, quand même, de fumer… - C’est agréable, d’être là, tous les deux à côté, à fumer ensemble, non ? » Encore un sourire. « Oui. - On arrêtera plus tard, un jour… Ok ? - Ok ! » Pierre et Juliette apparaissent au bout de la rue, parlant ensemble comme Léa et moi. Ils nous adressent un clin d’œil en nous apercevant, puis nous saluent en arrivant à notre hauteur. « On vous attend dedans ? questionne Juliette. - Ca marche. » Léa me regarde avec un bonheur simple dans les yeux, sans doute heureuse que ce soit moi qui ait directement répondu. Nous finissons nos cigarettes en silence, mes yeux dans les siens. Enfin nous rejoignons les deux jeunes adultes déjà installés à une table non loin de l’entrée, sur laquelle se dessine un plateau d’échecs. Léa m’a expliqué que des pièces étaient à disposition dans ce bar pour les joueurs. J’aime bien le principe, bien que ne jouant pas particulièrement souvent à ce jeu. « Jérémy vous a pas appelé ? - J’ai reçu un sms, lance Juliette. Il arrive dans cinq minutes, et devinez quoi… accompagné ! - Ah ah, hâte de voir ça ! ricane Pierre. » Les spéculation vont bon train sur l’allure de son actuel petit copain, qu’aucun de nous n’a encore vu. Juliette taquine Léa sur le fait qu’il va peut-être me plaire et que je vais la quitter pour lui… Léa réplique qu’en ce cas elle ira avec Jérémy, comme ça elle ne sera pas seule. Cette discussion me met légèrement mal à l’aise, mais je ne dis rien… Je vois alors Georges qui arrive, à travers la vitrine. Il est avec Jérémy. Je me sens très mal. Je ne lui parle plus depuis plusieurs mois, ne le saluant même pas quand je le croise dans la cours dans mon trajet entre deux salles de classe. Georges est gay. Ils entrent et Georges me repère aussitôt. Il ne fait d’abord aucun geste vers moi, mais Jérémy passe à côté de lui en lui saisissant la main pour l’entraîner dans notre direction. Georges écarquille les yeux en se rendant compte que je fais parti des amis de son… petit copain… Autour les autres se lèvent pour dire bonjour aux deux nouveaux arrivants, sans se rendre compte de notre stupeur. « Bon, tout le monde, voilà Georges. Georges, c’est Léa, à côté c’est son petit ami, Léo, ici c’est Juliette et lui c’est Pierre. » Georges n’a rien dit. Puis il se détend et fait finalement la bise à Juliette et Léa. Il me sert ensuite la main, avec un étrange sourire. Les autres remarquent finalement notre manège. « Vous vous connaissez ? s’exclame Juliette avec force. » J’acquiesce. Et Georges décrit en quelques mots la raison pour laquelle on se connaît, en ajoutant qu’on ne se parle pas souvent, mais que ça va probablement changer, maintenant qu’on a des amis en commun. Il dévore Léa des yeux, sûrement ébahi que je puisse être avec quelqu’un malgré mon comportement profondément individualiste en cours. Léa me sert la main sous la table, sans imaginer sans doute ce qui passe dans mon esprit. Georges est pour moi intimement lié au souvenir de Marie, que je hais à présent. Tant pis. Supportons. Pour Léa. La soirée suit son cours, Georges s’intègre plutôt pas mal ; il est beau gosse, et a de l’aisance lorsqu’il parle. On commande à boire, on trinque. Finalement Pierre lance : « Tenez, puisqu’on a deux taupins, pourquoi ne pas voir qui est le meilleur avec une partie d’échecs ? - Arrête, ça veut rien dire, les échecs… réplique Léa. - Ca veut rien dire mais allez-y quand même ! reprend Juliette, excitée par l’idée. » Georges a un sourire un peu charmeur en sa direction, puis me regarde à la dérobée. « Léo, une partie ? » Sourire un peu crispé. « Ca marche. » | |
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