Bételgeuse
| Sujet: Fragment #47 - Fumée 13.04.08 18:42 | |
| Samedi 2 septembre 2006 à Dijon Je tire, nerveusement, une grande latte de ma clope. J'ai du acheter du tabac à rouler, parce que ça revient moins cher, et je n’ai pas eu de client depuis un moment, à cause de ces putain de genoux encore couverts d’une substance à moitié liquide, et granuleuse. Francis m’a demandé d’arrêter d’y toucher, mais je ne peux pas. Le seul moyen pour que j’oublie un peu le miel de mon corps qui sort par mes articulations blessées, c’est de fumer, ou de boire. J’ai bu, je fume. Je boirai, j’aurais fumé. Douceur de la fumée qui envahit mes poumons, brûlant ma gorge, m’emplissant d’une chaleur réconfortante. Je sens mes nerfs se détendre légèrement lorsque, dans un souffle, j’expulse la fumée de ma bouche, profitant une fois encore de sa présence quasi-immatérielle. Qu’est-ce qu’il fout, bordel de merde ?! Je sais qu’il est là, je sens sa présence à travers le plancher, je sens ses ondes qui parviennent jusqu’à moi ; pourquoi ne sent-il pas les miennes ? C’est à ce moment-là qu’il devrait apparaître, au moment où je fume clope sur clope en rêvant d’une piscine de vodka. Mais à quoi il sert ce mec, putain ? Il vient, m’offre le thé, et repart quand j’ai besoin de lui… Mais non, bien sûr que non, je n’ai pas besoin de lui ! Je n’ai besoin de personne, et je n’ai aucun problème, à part que je ne dors plus depuis un nombre de nuits incalculable, que mon ami et plan cul me prend pour une dingue à cause d’une putain d’histoire de moquette à la con, et que mon connard de voisin ne donne plus signe de vie ! Il est hors de question que JE fasse le premier pas. Après tout, je m’en tape de ce mec, je peux en avoir des tonnes et des tonnes d’autres. J’écrase mon mégot d’une main décidée sur le revers de mon poignet gauche ; la fumée vole encore quelques instants, puis s’arrête. Ma peau a comme fondu, formant un point rouge bordé de noir, petit bout de chair à vif et en ébullition. Qu’il aille au diable. | |
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