Fragment #14 - Contradiction

La vie s’écoule paisiblement et je me fais de plus en plus à la présence de François au quotidien. Diable, que ça sera dur de le quitter. Mes heures de boulot passent lentement, je regarde ma montre, 4h30. Encore une heure a tenir et je pourrai le rejoindre. Il m’a donné rendez-vous au pied du Rockefeller Center. Je vais lui proposer d’aller dîner au Colonial. Ça fait quelques temps que je veux essayer cet endroit. Je vais mettre la robe qu’il m’a offerte, une superbe robe Kenzo, noire et terriblement sexy. Rêvasser à ma soirée l’a fait arriver plus vite. Je file du bureau. Je prends le métro, ma douche et ma robe. Je suis en retard d’un léger quart d’heure. J’ai déjà fait pire.
Il est là, il m’attend. Il a mis un pantalon en lin blanc et un pull noir. Il est terriblement sexy dans cette tenue avec sa barbe quelque peu mal rasée et ses cheveux ébouriffés. Il me sourit avec ses yeux, et dépose un chaste baiser sur mes lèvres. Il me tend un bouquet de roses blanches. La soirée s’annonce parfaite. Il me tend sa main et m’entraîne dans le Top Of the Rock et se dirige vers les ascenseurs. Il n’a toujours pas dit un mot et je respecte son silence. La cabine s’envole vers les cieux. Les portes s’ouvrent, la musique est douce. Je reconnais la voix d’Edith Piaf s’envoler et me donner l’impression d’être a Paris. La lumière provient de bougies marquant le chemin et des pétales de roses blanches sont disposés sur le sol. On avance vers ce paradis et je découvre que la salle est vide, si ce n’est deux serveurs toujours élégamment habillés dans ces endroits, avec leurs gants blancs. Il n’a toujours pas dit un mot.
« François, qu’est-ce qui se passe ? »
Je tremble, je sens que quelque chose de grand va se passer. J’ai cette impression étrange, L’intuition féminine peut-être. La vue est imprenable sur Manhattan et la nuit est légèrement tombée. Paris rougirait de savoir que New York brille plus qu’elle. Il se met a genoux face a moi et me prend la main.
« Camille, je t’aime. Je sais qu’on a beaucoup de choses qui nous séparent. Mais, je veux passer le reste de mes jours avec toi. Veux tu m’épouser ? »
Le coffret Tiffany’s s’ouvre et je découvre une bague serti d’un diamant gigantesque. Mon esprit s’évade. Mille images défilent devant moi. Je me revois petite, jouant à la mariée, je me revois embrasser un garçon pour la première fois. J’ai l’impression que le temps s’est arrêté et court à la fois. Je le regarde, il est encore plus beau que jamais. Mes lèvres s’ouvrent mais aucun son ne sort. Ses yeux sont humides.
« Oui… »
Il me passe l’anneau et ma respiration s’arrête. Je ne peux penser qu’à une seule chose… la lettre que j’ai postée ce matin.