Fragment #444 – Plus blanc que blanc

Ouvrir les yeux. C'est une chambre blanche. Oui, la chambre de l'hôpital. L'hôpital où je suis interné. Maura vient voir comment je vais. C'est mon infirmière préférée : pas très grande, brune, les yeux plein de tendresse. J'aime son sourire sincère, différent de ceux des autres, des faciès travaillés, crispés et crispants. Maura m'apaise. Lorsqu'elle me quitte, la chambre m'éclate dans les yeux, avec ce blanc, si blanc, plus blanc que blanc. Je ne sais pas depuis quand je n'ai pas vu mon visage, mais je l'imagine déformé par l'immobilité forcée, diaphane et rongé par la pâleur des murs.
La porte s'ouvre à nouveau. Un garçon entre, cheveux blonds en bataille, regard bleu tempête en haute mer, le même que celui de Maura. Il me jauge un instant, puis détourne les yeux, s'installe sur le lit voisin, allongé sur le dos, les mains croisées derrière la nuque, le regard planté dans le plafond. Ah oui, c'est Dimitri, mon nouveau camarade de chambre. Il est arrivé hier.
Si on le laisse aller et venir, j'imagine qu'il est moins dingue que moi. J'ignore depuis combien de temps je suis ici, cloué sur ce lit, à peine capable de marcher. Ils mettent la dose, avec leurs antipsychotiques. M'enfin, ils font ce qu'il faut pour bloquer la route à Maya, à l'intérieur de ma tête, même si ça doit me laisser à moitié paralysé.
Je détaille la silhouette de Dimitri. C'est drôle, il a vraiment une tête de gamin. Je voudrais lui demander ce qu'il fait là, si il me reconnaît, si Louis va bien. Je voudrais tout simplement parler un peu. Communiquer.
Parle moi Dimitri, ça me ferait du bien.
Mais toi non plus, tu ne dis rien.