Fragment #18 - Là où y faut pas

Vingt dieux, il me prend le chou ce putain d'ordi. Et l'autre conne de la chir qui me regarde d'un air niais, genre « oh, il est cassé ». Ben ouais, il est cassé, cocotte, fallait pas essayer de le réparer toi-même. C'est fou comme les gens sont chiants quand ils y connaissent rien en informatique. Ils posent des tas de questions, et dès qu'on commence à leur expliquer, ils froncent les sourcils et font aucun effort pour comprendre. C'est super pénible, en fait.
« Bon, ça peut pas redémarrer, je dis.
- Oh, elle fait, c'est à cause de moi ?
- Oui, je réponds.
- Oh, elle fait encore une fois, je suis désolée, je pensais bien faire.
- Ben c'est raté. »
Elle se renfrogne. Elle veut bien avoir l'air désolé, mais elle s'attend à ce qu'on lui dise « c'est pas grave », et c'est pas mon genre -surtout en ce moment- de dire aux gens ce qu'ils ont envie d'entendre. Pourquoi surtout en ce moment ? Parce qu'en ce moment les gens se gênent pas pour faire tout le contraire de ce que j'ai envie qu'ils fassent. Par exemple, au hasard, j'aimerais beaucoup que Paul largue Sally et que Sally me retombe dans les bras. Au lieu de ça, ils sont carrément à deux doigts de se marier. Et moi, du coup, je me tape Mathilde (elle par contre, j'aimerais beaucoup qu'elle aille se marier avec quelqu'un et qu'elle me foute la paix, mais pas moyen). Autre exemple : j'aimerais beaucoup que Maura change d'avis sur moi et accepte d'être ma princesse, parce que j'arrive vraiment pas à me la sortir de la tête, encore moins depuis qu'elle m'a juré qu'entre nous, c'était carrément impossible de chez impossible. Des fois, faut pas chercher, on va pile là où y faut pas, et plus y faut pas, plus on fonce.
Lilian est rentré de son weekend parisien hier soir. Il m'a dit que Julian avait pas l'air trop mal. On s'est contenté de ce petit dialogue avant d'aller nous coucher. Ca sert à rien d'en faire trop.