Fragment #471 - L'amour qui se cachait au fond du coffre de mon coeur

Florian, Lilian et moi frappons à la porte du 148, Avenue Victor Hugo, où nous dînons ce midi avec nos parents. Egaux à eux-mêmes. L'un qui ne parle pas, l'autre qui m'enserre dans ses griffes. La glace sévère et l'insidieux poison. Nous nous installons à table. Florian, seul sans son ex-femme et leur fille. Lilian, seul sans le garçon qu'il aime. Et moi, seul, sans la jeune femme que j'ai trahi et dont je suis retombé amoureux. Sans ma fille, aussi. Quel étrange point commun je me découvre avec mon frère aîné ! Et comment pourrais-je avouer à mes parents que j'ai revu Lola, que nous nous aimons, que nous nous sommes embrassés ? Jamais je n'avais vécu pareil baiser. C'est comme si tous mes sentiments à son égard, enfouis dans je ne sais quel coffre au fond de l'océan qu'est mon coeur, avaient déferlés en surface, comme une nuée de bulles d'amour, un véritable geyser de passion. Et nos corps se sont collés l'un à l'autre, et ils avaient tous deux gardés en mémoire le souvenir tactile de l'autre. Si Lilian et Déborah n'étaient pas rentrés à l'improviste, qui sait jusqu'où nous aurions pu aller.
Je ne suis pas déçu. Car je ressens à nouveau ce sentiment qui m'avait tant manqué, cet amour pur que seule Lola me procure, cet arôme divin que l'on ne retrouve que dans une seule fleur au milieu de tout un jardin. Je souris bêtement en repensant à ses gestes, à la texture de sa peau, au durcissement de ses seins. C'est bien, pour nous, de recommencer les choses ainsi, en douceur, sans aller trop vite. Je voudrais remercier Lilian de nous avoir interrompu, et d'être aussi heureux pour moi. Il n'arrête pas de sourire quand il croise mon regard, parce qu'il adore Lola et Kokhavah, et qu'il veut notre bonheur. Il sait que nous ne seront heureux que réunis, et il a bien raison.
J'en ai assez de collectionner les corps, ces corps vides, sans âme, pour le plaisir seul de la chair. Je ne regrette pas de l'avoir fait, mais c'est terminé. Il est temps pour moi de passer à autre chose, de vivre cette expérience unique qu'est le vrai amour, et, cette fois, de ne pas fuir lâchement.
Qui sait jusqu'où cette aventure va nous mener ? Je voudrais vivre avec elles à Paris. Et ensuite ? Est-ce que nous nous marierons ?