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 Fragment #77 - Battements de Coeur

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Altaïr

Altaïr



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MessageSujet: Fragment #77 - Battements de Coeur   Fragment #77 - Battements de Coeur Empty09.04.08 20:17

Samedi 9 septembre 2006
à Dijon

Maman peigne mes cheveux. Mes beaux cheveux. Allez, il est temps de rincer. Maman a fait bouillir de l’eau dans une grande bassine de fer, comme ces bassines dans lesquels nous prenions notre bain, Florian, Lilian et moi, étant petits, durant les étés passés en Toscane chez la nona. Une volute de vapeur s’échappe de la surface de l’eau blanchie par l’ébullition. Maman presse sa main à l’arrière de ma tête pour me la plonger dans l’eau. Allez, il est temps de rincer. Mais Maman… l’eau est bouillante ! Mon cœur s’emballe. Tu es plus forte que moi, je ne peux pas lutter longtemps. Est-ce bien toi ? N’est-ce pas… Jill ?… Je voudrais crier, mais je ne peux pas. Bientôt mon visage entre en contact avec la surface du liquide brûlant et s’y immerge en me…
Je relève la tête. Il fait si frais… (contraste avec la chaleur de la salle de bain). Je suis sur un lit, dans un appartement qui n’est pas le mien. Je sais que je suis déjà venu ici, je me souviens de ce lit, de ces draps verdâtres, ces oreillers couleur mousse. L’humidité ambiante transpire de fraîcheur. Je suis collé au matelas. Un bruit d’eau me parvient…


C’est long… J’attends pour mon inscription en troisième année de lettres modernes, mais ça n’avance pas. La Fac, c’est un peu comme cette « maison qui rend fou », dans Astérix et les douze travaux, un dédale administratif. Ici, le Papier règne en maître. La tension monte. J’entends que ça s’énerve devant moi.
« Mais madame mon rattrapage a lieu Lundi matin à la première heure… Et je n’irai pas.
- Les consignes sont les consignes je vous dis, repassez lundi dans l’après midi … »
Je la vois passer devant moi, furieuse, me bousculant au passage de son épaule nue (contact furtif avec sa peau) dépassant de ce pull trop large, quoique féminin, qui met en valeur son joli corps. Ses longs cheveux, très bruns, légèrement ondulés, enveloppés d’une odeur douce que je ne parviens pas à identifier, volent derrière elle et me fouettent le visage. Elle ne se retourne pas pour s’excuser, et je la regarde s’éloigner, chasser la mèche qui lui retombe devant les yeux d’un geste nonchalant, et disparaître de mon existence aussi vite qu’elle y est entrée. Le souvenir de ses yeux entraperçus, ses deux yeux noirs derrière de longs cils, chargés de colère. La voilà partie. Pourquoi mon cœur bat-il si fort ? Mon esprit recompose son visage, autour de ses deux yeux noirs. Un tout petit nez, fin et joli. Une bouche rose et pulpeuse. Une peau légèrement mat, pure, une peau de bébé qui appelle les caresses, mes caresses. Je revois son geste pour chasser la mèche rebelle, le mouvement de sa petite main fragile et douce, cet anneau à son doigt. Est-elle… La voix de la femme des inscriptions interrompt ma rêverie et me rappelle à la réalité administrative. Immonde sbire du Papier, comment oses-tu faire cesser la pensée d’un descendant des dieux ? Un jour, tu subiras toi aussi la juste vengeance de mon courroux. En attendant, je me fait engueuler pour avoir ralenti la file d’attente.

Me revoilà dans ce caveau, au milieu des rythmes telluriques. C’est là que nous venions, Jill. C’est là que nous venions défouler nos corps enivrés par l’alcool et les basses. C’est là que je t’ai vu pour la dernière fois, avant que tu ne t’éteignes de ma vie, avant que tu ne sois transfigurée en furie. Je tombe amoureux de tout ce qui passe devant mes yeux. Pourquoi suis-je si seul, si pathétiquement en manque d’amour ? Mon cœur, en proie à la sécheresse depuis que tu l’as vampirisé et déshydraté, s’emballe pour un rien, pour un regard, pour un battement de cil. Libère moi de ton emprise, Jill. Je dois exorciser tous ces lieux qui me font penser à toi. La fac, le parc de la Colombière, la place du Marché, ce bar… Je dois t’oublier, tout oublier. Et passer à autre chose.
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