Fragment #148 - La chaleur des hommes

Jonathan m’a ouvert la porte de son appartement avec un large sourire découvrant des dents blanches carnassières. Il m’a serré la main, car Jonathan n’aime pas faire la bise aux garçons. Ca tombe bien, moi non plus. Voilà donc l’antre de celui que je déteste. Il est là, juste derrière moi, je le sens, j’imagine ses larges épaules, ses grands bras puissants au pelage doré, et ses belles mains d’homme. Jonathan n’a rien de l’éphèbe que je suis. De lui émane une virilité que je n’ai pas. Installés sur son lit, nous commençons à boire ; j’ai amené de la bière et un reste de vodka. Ce soir, nous fêtons l’absence de ceux que nous aimons. La soirée avance et bascule dans la nuit la plus complète. Lumière tamisée. L’alcool coule dans nos sangs et répand en nous l’ivresse et la joie. Il me dit que je suis très beau, que je ressemble à son Jed. Finalement, si il ne l’avait pas connu, il aurait tout aussi bien pu tomber amoureux de moi. J’éclate de rire. Moi aussi je te trouve beau Jonathan, tu ressembles de beaucoup ce dieu qui me plaisait tant. A la différence que tu es là, et lui non. Ca te donne un avantage. Nous éclatons de rire. Jonathan se lève et s’approche de moi. Ses lèvres se posent sur mon cou.
« Qu’est-ce que tu fais ?
- Je t’embrasse. »
A nouveau, sa bouche se pose sur moi. Tout près de la mienne.
« Qu’est-ce que tu fais, là ?!
- J’ai envie de toi, Julian. »
Nous sommes ivres. Je prends sa tête entre mes mains et presse sa bouche plus fort contre la mienne. Au travers de ses lèvres, l’odeur de l’alcool me parvient et m’enivre.
Nous basculons sur le côté, nos corps fébriles se collent l’un à l’autre et se caressent. Comme si nous nous découvrions pour la première fois. Ses mains dans mon dos qui se glissent sous le tee-shirt, contre ma peau, et les miennes sur son ventre, ses épaules. Nos langues qui se mêlent. Oh Jon… C’est de toi dont j’ai envie, depuis le début, je masque mon désir par cette haine incompréhensible à ton égard, mais maintenant je te veux, je brûle et je vais embraser ton corps.
Je revois entre mes mains le corps de Gautier, lorsque la bouche de Jon se met à glisser sur mon pénis en érection. Continue… oui… ne t’arrête pas… Puis toutes les barrières de ma mémoire s’effondrent, anéanties par les coulées d’alcool. C’est Sethi que je revois. Le premier homme a avoir franchi toutes les frontières de mon intimité. C’est toi Sethi, Anubis, qui m’a initié aux plaisirs de la chaleur de l’homme…
La tête de Jon est entre mes jambes, et je suis allongé sur le dos. Il ôte mon pantalon, mon caleçon et ma chemise, puis enlève son tee-shirt et se déshabille entièrement. Son corps doré de lion se dresse face à moi, je ne peux plus bouger. Jon écarte mes jambes et les relève pour poser mes chevilles sur ses épaules. Non, je n’ai jamais fait ça Jon, d’habitude c’était l’inverse, avec Sethi et Gautier, mais là non je ne pourrai pas, je ne veux pas…
Je suis trop saoul pour dire quoi que ce soit. Paralysé, je le regarde faire.
« Ca fait toujours un peu mal au début, me dit-il, mais après, ça passe. »
J’ai peur. Je le vois cracher dans sa main et lubrifier son arme. Puis il resserre mes jambes contre lui et applique l’embout contre moi. Mes doigts se crispent sur le drap lorsqu’il pénètre en mon corps, ouvrant un chemin que personne n’avait franchi jusqu’alors. Mais je ne ressens pas de douleur. Tu m’avais dit que ça faisait mal, Jon ! Et pourtant, vu la taille de ton arme, j’aurais pensé que tu me ferais souffrir. Les va et vient commencent doucement. Jon se penche sur moi pour m’embrasser goulûment. J’avale sa salive. Jonathan accélère la cadence de ses mouvements. Je sens le plaisir remonter le long de mes jambes jusqu’à mes fesses.
La chaleur augmente. Des gouttes de sueur perlent depuis les cheveux blonds de Jon et s’écrasent sur mon visage. Nos torses d’hommes luisent d’un éclat huilé. L’alcool fait pulser nos artères et nos veines. Mon Cœur s’emballe, excité par la trahison. Il n’y a plus de raison en moi. Jon se retire et me retourne sur le ventre. D’une main, il relève mes fesses à lui. Rentre, vite, je n’en peux plus… Son arme ouvre à nouveau la voie jusqu’au plus profond de moi, d’un coup, et le voilà qui repart, comme une bête, nous haletons, et la sueur se mêle à nos gémissements d’hommes qui savourent le plaisir et je sens le sperme qui s’écoule et le mien sur l’oreiller de Jed une tâche de nacre pour salir ton petit oreiller Jed tu vois ça m’excite de me dire que je jouis là où tant de fois tu as posé ta tête pour dormir et ton Jon qui décharge en moi et le cri de l’orgasme qui monte et redescend doucement et s’apaise et nos corps qui retombent l’un sur l’autre et s’endorment aussitôt.