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 Fragment #2 - Retrouvailles

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Alioth

Alioth



Fragment #2 - Retrouvailles Empty
MessageSujet: Fragment #2 - Retrouvailles   Fragment #2 - Retrouvailles Empty11.04.08 1:22

Mercredi 9 avril 2008
à Paris

Quand je suis arrivé, tôt le matin, la concierge vidait son seau d’eau devant la porte d’entrée de l’immeuble. Elle ne m’a pas reconnu tout de suite. Je n’ai pas l’impression d’avoir tant changé que cela, mais son regard m’indiquait que si. Peut-être mon teint beaucoup plus mâte ? Je ne sais pas. Elle me dévisageait. « Monsieur Guasch ? » m’a-t-elle demandé en fronçant les sourcils. Oui. Oui c’est bien moi. Elle s’est alors exclamé : « Mon Dieu ! Comme vous êtes beau ! Vous êtes devenu un bel homme ! ». Elle se précipita alors sur moi, comme pour m’embrasser, dut se rappeler que je n’étais pas du genre démonstratif et que le contact humain m’indisposait, car elle se ravisa, puis elle me demanda de rester là. Elle revint avec tout un tas de lettres qui m’étaient adressées. Elle m’a parlé du temps, des voisins, de ce genre de choses que les concierges aiment bien raconter. Puis elle m’a laissé. En poussant la porte de mon appartement, j’ai reconnu le parfum balsamique de mon encens qui évoque des bois fleuris. Ma mère avait dû passer peu de jours auparavant. Peut-être la veille. Elle m’avait appelé dans le RER pour s’excuser de ne pouvoir venir me chercher, car elle était en déplacement pour deux jours. Mon père était à Londres. Je préférais autant arriver ici seul. J’ai posé ma valise et mes sacs, enlevé mes vêtements et je suis allé me coucher.

Les rayons de soleil s’infiltrent à travers les stores à moitié baissés. Je me lève et vais me faire couler un bain. J'y ajoute du gel douche au cacao pour qu'il y ait un peu de mousse et aussi parce que l'odeur me plaît. Dans la cuisine, je prends quelques fraises mûres que j’ai achetées sur le marché hier, je les écrase et les mélange avec de l'huile d'amande douce, puis je place la composition entre deux compresses de gaze et j'applique le masque artisanal sur mon visage tout en m'allongeant dans le bain tiède et en écoutant la musique qui vient du salon. Trente minutes plus tard, je me rince le visage avec du lait tiède et je passe sous la douche. J'applique une crème à l'extrait d'euglène de chez LIERAC ainsi qu'une autre crème de la même marque, à l'arnica et au ruscus, pour le contour des yeux. Lorsque j’ai terminé, je prends une Dunhill et m'assois dans un fauteuil en porte-à-faux qui ressemble à ceux d’Alvar Aalto.

Mon appartement est vaste : large pièce rectangulaire avec deux fauteuils qui entourent une table basse en hêtre massif avec plateau de verre épais ; un piano droit noir laqué Kawai, contre un mur ; une lampe ruche blanc cassé qui descend sur une table en métal et chêne Maui ; sur la moitié de la grande baie vitrée qui donne sur la place de la Bastille et le port de l'Arsenal, les radiateurs sont surplombés de longs bacs dans lesquels poussent d'énormes plantes grasses ; au mur, des reproductions de photographies de Viviane Sassen ; du salon, on accède à une petite pièce qui devait être à l'origine une salle à manger, mais que j'ai transformée en bureau, avec son Apple, une imprimante laser, le lecteur mp3 dont les haut-parleurs sont dispersés un peu partout entre le salon et le bureau ; une porte (que j'ai retirée) mène à un couloir qui dessert la cuisine, la salle de bain, les toilettes et la chambre. Mes parents m’ont aidé au financement de l’appartement. J’aurais voulu le décorer en m'inspirant fortement de l'architecture d'intérieure d'Alvar Aalto, épurée, moderne et simple, ainsi que celle de Franck Lloyd Wright, plus géométrique et fortement inspirée par le Japon, mais j’ai fait ce que j’ai pu. Je n’ai pas vraiment de goût. Ni la motivation non plus. Il aurait fallu prendre du temps, aussi, aller chiner ici et là, comparer les prix, apprendre les tendances, les couleurs que l’on peut marier et celles qui ne vont pas ensemble. Cela m’agace rien que d’y penser. Quand j’ai acheté l’appartement, il était vide. Les murs devaient être repeints et il fallait penser à le meubler ; je me suis mis sur la terrasse, grande comme ma chambre, et j’ai fumé une cigarette. En bas, le port de l’Arsenal et plus loin l’écluse, que je distinguais mal. Penser à tout ce qui restait à faire, c'est-à-dire rendre cet appartement habitable, me dégoûtait. J’ai toujours voulu les choses à l’instant même où je les pensais. Je n’ai aucun plaisir à construire, bâtir, voir évoluer le travail. Aucun plaisir à faire : je préfère penser, me projeter, imaginer, diriger.
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Fragment #2 - Retrouvailles
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