Fragment #37 - Le babysitter

La journée est pluvieuse à souhait. Heureusement, je porte mon nouveau bonnet. Je suis épuisé et ravie de finir de bosser. Je rentre chez moi tandis que la pluie se transforme en déluge.
J’arrive en bas de l’immeuble, pénètre dans le hall et tombe nez à nez avec un Elyan frissonnant et trempé.
- Qu’est-ce que tu fais là ?
Mon ton est peu amène mais toute cette eau m’a énervé.
- Je suis désolé, mais mes parents m’ont oubliés et j’ai plus de batterie, je savais pas où aller.
Je soupire, agacé.
- Bon, suis moi.
- Merci.
Nous montons à mon appartement. Le silence est pesant.
- Enlève tes chaussures.
Je me rends dans le salon et attrape le téléphone.
- C’est quoi le numéro de chez toi ?
J’appelle, mais personne ne répond. Super.
- Tu connais les numéros de portable de tes parents ?
J’appelle d’abord son père et tombe directement sur le répondeur ; je laisse un message et appelle sa mère.
- Oui allô.
- Oui, bonjour madame ; je suis surveillant au lycée de votre fils et il semblerait que personne ne soit venu le chercher.
- Ah, il est avec vous là ? Passez le moi.
Quelle pétasse ! Je donne le téléphone à Elyan et m’assois sur le canapé.
- Oui, maman ?
…
- Oui, je suis chez mon surveillant là.
…
- Je vais lui demander. Oui maman, quitte pas. Ma mère demande si vous pouvez m’héberger. Ils sont à Paris ce soir et mon père n’a plus de batterie non plus, ils m’avaient laissé un message sur mon portable pour que je rentre avec un ami, mais comme je n’avais plus de batterie …

Je tends la main pour récupérer le téléphone
- Allô.
- Oui ?
- J’accepte d’héberger votre fils, mais je veux que vous me remettiez une attestation comme quoi vous avez autorisé votre fils à dormir chez moi.
- Bien, ce sera fait. Dites bonsoir à mon fils de ma part. Au revoir.
Même pas un merci. Je hais ces putains de bourgeoises, elle n’est même pas capable de dire bonsoir à son fils elle-même.
- Bien, tu vas prendre une douche pendant que je te prépare à manger et ensuite tu feras tes devoirs.
- D’accord !
Un grand sourire illumine son visage ravi. Tu m’étonnes, chez toi ça doit être devoir en silence dans ta chambre et au lit.
Je lui montre la salle de bain, lui donne une serviette et un short que j’imagine trop large, mais bon, on fait avec ce qu’on a.
Il ressort, un quart d’heure après, uniquement vêtu du short. Je lui propose un tee-shirt, mais il refuse.
Nous mangeons tranquillement puis, tandis qu’il fait ses devoirs devant une merde à la télé (Plus belle la vie je crois), je file prendre une douche. Ça me détend un peu, j’enfile mon peignoir et me brosse les dents.
Lorsque je ressors, Elyan s’est allongé sur le canapé. Je n’ai pas envie de lui parler. Je m’assois à côté et regarde la télé.
Je lui mets ensuite un DVD, « Les Infiltrés », et appelle Pierre pour lui dire de ne pas passer. Ça me saoule de le voir assis là en boxer. Je lui déplie le canapé et dresse son lit une fois le film terminé.
Je ne tarde pas à me coucher, quelque peu énervé. J’arrive enfin à m’assoupir au bout d’une heure à me griller clopes sur clopes dans mon lit.
Je me réveille quelques minutes plus tard, il s’est glissé dans mon lit.
- J’arrivais pas à dormir.
Il chuchote doucement, la voix peu assurée.
Je me tourne et lui présente mon dos, remerciant le ciel qu’on soit en hiver et de porter un boxer.
Je m’endors quelques minutes plus tard, vaincu par la fatigue, la sensation de son corps à quelques centimètres du mien.