Fragment #58 - Des au revoir

Sur le quai de la gare, j'étreins Jules et Tina qui me remercient chaleureusement pour cette semaine bourguignonne. Je leur dis qu'il n'y a pas de quoi, et après tout, c'est vrai que je les ai pas vu des masses pendant ce petit séjour dans ma ville. J'ai été occupé par le Dionysos et ils se sont débrouillés seuls. Nos adieux sont émus, parce qu'on sait pas quand on se reverra. On se promet d'organiser quelque chose le plus vite possible.
Puis, mon demi-frère et sa femme montent à bord du TGV, les portes se referment, et le train les emporte loin d'ici. Je retourne à pied au Dionysos. Il fait beau, et les gens se sont un peu dévêtus. Profitez-en, il paraît que demain, ça sera fini. Je traverse la place Darcy, descends la rue de la Liberté, tourne dans la rue du Bourg et passe devant chez moi. Je continue rue Amiral Roussin jusqu'à mon bar, où Lulla et Grégoire gèrent seuls une armée de touristes assoiffés.
« Ca va Lulla, tout se passe bien ?
- Pas de souci, patron. »
Bon. Nos rapports n'ont pas changé entre ma petite serveuse chérie et moi depuis que je lui ai dit des choses que je n'aurai pas dû lui avouer. Elle fait comme si elle avait oublié, et du coup, je la trouve encore plus formidable.
Déborah Spinner, la blondinette qui trainait toujours avec mon neveu Dimitri, puis avec Lilian, vient me voir au comptoir, et me dit :
« Bonjour Louis.
- Salut miss, tu vas bien ?
- Pas vraiment. Lilian est parti tout à l'heure.
- Comment ça parti ?
- Il n'a rien dit à personne. Il est juste parti pour Paris. J'ai essayé de l'appeler mais il était déjà dans le train. 
- Mais du coup, il arrête ses études, tout ça ?
- Je ne sais pas, mais je voulais vous en parler...
- Bon, de toute façon on peut rien y faire tu sais, il est pas con, il prendra soin de lui. »
Déborah acquiesce, les yeux embués de larmes. Je pose ma main sur son épaule et je lui offre un verre. Pauvre petiots. Ils me font de la peine, tous, avec leurs histoires de fous. Mais faut dire aussi, ils en voient des vertes et des pas mûres, pour leur âge. Le destin, on peut pas dire qu'il est très sympa avec eux.