Fragment #66 - Coït

6 rue du Pélican. Premier Arrondissement de Paris. Duplex moderne. Je suis à quatre pattes sur le lit et Nicolas me prend sauvagement. Sous mon nez, il glisse un flacon et me dit « inspire ». J'obéis.
Jusque là, je n'avais jamais pris de poppers. Aussitôt, l'inhalation répand en moi une vague de chaleur, et je sens le sang qui me pulse dans la tête. J'oublie tout. Je veux être à toi.
Prend-moi de toutes tes forces et sans aucune pitié.
Mon corps se détend et se cambre davantage. Le rythme devient plus intense et plus profond. Mon visage esquisse un sourire serein, tandis que Nicolas me pénètre sans modération. Je m'abandonne complètement, vidé de toute peur, shooté au sexe. A plusieurs reprises, mon amant endiablé plaque le flacon sous mes narines pour me faire respirer les vapeurs aphrodisiaques, et me tenir ainsi sous son contrôle. Lorsqu'il en prend à son tour, il devient plus féroce et frénétique, et nos cris de plaisir s'accordent dans l'obscurité.
L'ébat se prolonge ainsi, brûlant mon nez et ma chair. Nicolas me redresse, me penche, me jette sur le sol, me colle au mur. Nous baisons sur chaque mètre carré de son appartement, absorbés par le plaisir. Nos corps joints transpirent l'un contre l'autre. Je sens son torse huilé de sueur contre mon dos et ses mains moites bloquer mes poignets. Des gouttes perlent de son front et s'envolent pour heurter ma nuque mouillée.
Après plus d'une heure de coït, nous éjaculons l'un et l'autre à quelques secondes d'intervalle. J'ai la tête complètement embrumée et mon cul me fait mal. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça, je ne sais pas si j'en avais vraiment envie. Nicolas regarde l'heure et dit qu'il doit dormir, sans quoi il n'arrivera pas à se lever pour aller au travail. Les yeux ouverts dans la pénombre, je regarde un instant ce plafond sans contour, puis m'endors contre cet amant retrouvé.