Fragment #94 - Coïncidence

Je repose mon téléphone sur la table du salon, satisfait. Je démarre la semaine prochaine comme libraire dans le cinquième arrondissement. Je ne sais pas pourquoi il m’a choisit, les questions se bousculent dans ma tête. Mes horaires sont tranquilles : de huit heure trente à midi trente et de quatorze heure à dix-sept heure.
Je vais devoir me rendre chez « Martel » pour chercher quelques livres qu’il m’a conseillé de lire pour démarrer ma formation. La plupart concernent l’histoire du livre et les métiers liés aux livres. Je décide de ne pas me recoucher même si il n’est que huit heure trente, l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. Il serait temps que je me fabrique un avenir.


Je repose mon téléphone sur la table du café, heureux. Je démarre vendredi soir au cabaret et je dois m’y rendre demain pour signer mon contrat, rencontrer l’équipe et choisir ma tenue. Je crois que je regarderai le show également. On ne me l’a pas dit au téléphone mais il semblait implicite que ma formation commençait demain. Je crois avoir saisit l’ambiance du cabaret : il faut être prêt à donner de soi-même et à s’investir en dehors de ses horaires, c’est le genre d’emploi où l’on demande de la souplesse aux employés sans que la direction n’en fasse. M’embaucher semble être une faveur de leur part. J’espère que je me trompe, mais j’appréhende la journée de demain. Je repose ma tasse de café et laisse deux euros cinquante. La place Saint-Michel est belle, même sous la pluie. J’aime voir l’archange terrasser le Malin en cette fin d’après-midi déprimante.
Je sens que ma vie est en train de prendre un nouveau tournant et que mon destin vient à nouveau de se mettre en branle. La coïncidence de ces deux appels, dans la même journée, me perturbe. J’espère que mon ange gardien se tient derrière-moi prêt à écarter les embûches et à détourner le danger de ma route.