Fragment #140 - Nuit mouvementée

La douleur qui résonne, la souffrance qui danse sur les rythmes de mon cœur, la peur qui me taraude et me pousse. Le noir. C'est la nuit. C'est le tombeau qu'est devenu ma vie. Rien. Rien au delà de cette chambre. Moi, juste moi. Allongé, immobile. L'œil guette un rayon d'espoir, rien ne vient. Le bruit d'une motocyclette qui passe et s'enfuie. On ne s'accroche pas à ces semblants de vie, ils ne font que passer sans offrir de prise à laquelle s'agripper. L'angoisse monte, doucement, comme une marée endormie, vague après vague. Petit à petit, elle me submerge, étouffant toute volonté.
Je me noie. Seul.
Un souffle. A peine une brise. Trop légère, trop fragile pour être une bouée. Pourtant... Régulier, ample, plein de calme, il m'apaise. Doucement la marée reflue tandis que je me cramponne à cet espoir que je nie, que je refuse.
Je ne veux pas regarder, et pourtant.
Ses cheveux forment une masse confuse sur l'oreiller, ses cils, à la courbe féminine, redessinent dans l'ombre nocturne la courbe de son nez. Sa bouche, à peine entrouverte de laquelle s'échappe sa vie, de laquelle s'échappe ma vie.
Je me colle à lui, pour sentir son existence, sa présence. Il s'agite, remue.

Non, ne part pas, ne te détourne pas, ne vois tu pas que j'ai besoin de toi ?

Son bras se pose sur ma hanche et m'enserre, sa main saisie la mienne fermement. C'est une main de manuel, une main solide à laquelle on peut s'accrocher, avec laquelle on peut compter.

Me voilà arrivé.