Fragment #98 – Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis !

« Allez quoi ! T’as déjà rien voulu qu’on fasse pour ton anniversaire, tu peux pas m’enlever notre première Saint Valentin quand même !?
- Mais c’est nuuul la Saint Valentin, c’est un attrape-nigauds !
- Tu m’as déjà dit que fêter les anniversaires c’était nul, tu radotes Mamie !
- Pas tous les anniversaires, mais 21 ans excuse-moi, y a pas de quoi s’enflammer ! »

Je plie délicatement la lettre que je viens de terminer pour Julian, décolle la bande autoadhésive de l’enveloppe, lèche le timbre. J’essaye de répondre à ses lettres sans trop que Théo s’en aperçoive, je sais que ça pourrait le blesser… inutilement. Julian est bien mieux au chaud dans mon cœur et celui de sa fille qu’aux yeux de tous. Je préfère le garder, comme un correspondant secret du bout du monde. Présent sans l’être trop. Loin sans l’être jamais vraiment. Je crois que je nous préfère presque comme ça. Je lui parle de Kokhavah, beaucoup, et puis de ma vie avec Théo, un peu moins. Après tout, ce sont des nouvelles de sa fille qu’il attend, pas de son ex !
« Bon alors, je le réserve le resto ou pas ? »
Je lève la tête et regarde Théo. Même lorsqu’il a l’air en colère contre moi, ou excédé par mes sautes d’humeur, par mon caractère de cochon, il a toujours cette même douceur sur le visage. Cette quiétude, comme une promesse d’être toujours là. Pour moi et surtout pour ma fille, qu’il tient tendrement sur ses genoux. Quatre mois déjà, comme tout est allé si vite depuis que tu es là ma Chérie… Quatre mois que tu es là, et autant de temps que Théo prends soin de nous comme un vrai père. Ne mérite-t-il pas un resto pour tout ça ? Ne mérite-t-il pas la plus douce, et la plus disponible amoureuse du monde ? Je me lève, le serre dans mes bras, et l’embrasse doucement.

« Tout ce que tu voudras mon Cœur, tous les restos du monde si tu veux !
- Heu… bah t’es sûre hein ? Ca t’embête plus, la Saint Valentin tout ça, bla bla bla…
- La seule chose qui importe, c’est qu’on passe du temps ensemble. Alors va pour le resto ! »

Il pose délicatement sa tête dans le creux de mon cou, m’arrachant un frisson, et me chuchote :
« Je t’aime ».