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 Fragment #88 - Quel idiot...

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Alsciaukat

Alsciaukat



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MessageSujet: Fragment #88 - Quel idiot...   Fragment #88 - Quel idiot... Empty13.04.08 16:47

Lundi 11 juin 2007
à Saint Avertin

Les cheveux plaqués sur le front, le long desquels s'écoulent les ruisseaux fins et à peine visibles de l'eau qui tombe. Mes yeux que l'averse évite, sombres, mais où quelque chose, je crois, au fond, a changé, comme si une part de moi était partie avec l'achèvement de la construction du Corbeau. Ou comme si quelque chose était arrivé, je ne saurais dire. La couleur de mes yeux s'estompe pour laisser place à la salle de bain flouée par la cabine de la douche. Je dépose le gel douche au creux de ma paume, liquide ambré et odorant qui s'étale comme un sirop sur ma peau déjà plissée par la vapeur, en un lac translucide et épais, que je sens, tâche froide sur ma peau. J'éteins l'eau, étale le savon sur mon ventre. Me lave le bras gauche, puis le droit. Le sexe, les fesses, la jambe droite, puis la jambe gauche. Enfin, le ventre, et le dos. Avec méthode. Je rallume l'eau, règle la température. Je veux de l'eau chaude, sentir la brûlure sur ma peau, voir la vapeur danser autour de moi, dessiner ses volutes dans le volume exigu. Je rince les épaules, le torse, puis le bas. Enfin je passe ma tête sous le jet, les yeux fermés. Je sens le fourmillement du shampoing qui s'évacue sur mon corps, passe mes doigts dans les cheveux, encore épaissis par la mousse. Je frotte doucement mon visage, passe les paumes sur les joues, le front, le menton. Je reste ainsi quelques instants, immobile, aveugle à tout le reste, la sensation de l'eau exceptée.
Fermeture des robinets. La serviette me tend les bras. Je la passe sur mon dos, m'essuie les cheveux, le ventre, l'entrejambe, les cuisses. Je ne pose un pied hors du tapis de bain qu'une fois que la moindre phalange est bien sèche. Sur le meuble au-dessus duquel le miroir affiche mon image, des produits achetés par mon père s'entassent, que je n'utilise pratiquement jamais. Un coup de déodorant. J'hésite, et ajoute une touche de parfum derrière les oreilles. Du rez-de-chaussée me parviennent des bruits, le couvert que mon père est en train de mettre. Je crois qu'il va sortir le grand jeu. Christelle n'a pas pu venir samedi, alors elle vient ce soir. J'enfile des vêtements propres, des sous-vêtements, une chemise, un pantalon. Je suis prêt. Je m'observe dans le miroir. Baisse les yeux. J'hésite quelques secondes en voyant un tube de gel pour cheveux. Je n'en mets jamais. Miroir, de nouveau. Au dessus de mes yeux où le pétrole semble tari ce soir, la masse capillaire semble déchirée entre deux camps qui s'affrontent violement. Allons-y pour un peu de gel. J'étale la substance poisseuse sur mes doigts, la passe dans les cheveux. Ce n'est pas forcément mieux. J'essaie d'arranger le tout, mais la situation semble presque empirer à chaque mouvement. Tant pis. Je me rince les cheveux, les essuie de nouveau. Quelle idée, de mettre du gel... il faudra que j'aille chez les coiffeur pour raccourcir tout cela.
Je descends les escaliers, arrive en bas. Elles arrivent à 19h. Il est 18h30. Je m'assois devant la télévision, peu désireux d'aller sur l'ordinateur pour le moment. Il y a sur la cinq un court-métrage de l'est que je me laisse aller à regarder. Un coup d'oeil au programme m'apprend qu'il finit à 19h. Peut-être pourrai-je le voir en entier, il vient de commencer.
Cinq minutes avant la fin théorique, la sonnerie retentit. Je me lève et éteins la télévision, sans vraiment savoir quoi faire. Mon père débarque de la cuisine, les yeux brillants, et se recoiffe fébrilement. Il me regarde, presque inquiet.
« Ca va, comme ça ? »
Je ne réponds rien.
Il va à la porte fenêtre, sort. Je le suis. Christelle est au portail, elle entre sur un signe de lui, s'approche de nous. Ils se font la bise, puis elle me la fait également. Elle est radieuse, et à vrai dire, réellement belle, dans la lumière déclinante du soleil qui perle d'or le contour de son visage au contact de ses cheveux. Et Jérôme est beau, lui aussi. J'aimerais briser leur idylle naissante, mais je ne le peux pas. Ils rentrent. Je les suis.
« Euh... Léa n'est pas là ?
- Ah non c'est vrai, dit Jérôme, j'ai oublié de te prévenir, elle ne pouvait pas venir, elle a des épreuves de bac demain. »
Je ne bouge pas. Mince, quel idiot. Pas lui, moi. Je voudrais me cogner la tête contre un mur.
« Mais elle n'est pas en seconde ? Elle a quinze ans...
- Non, intervient Christelle, elle a sauté une classe. Dis donc, tu as une bonne mémoire, toi !
- Ouais... »
La glace s'élance dans mon corps, et je voudrais la briser, la faire fondre avec cette colère qui pulse dans mes veines. Qu'est-ce que je suis en train de faire, bon sang ?! Les deux autres se sont tus, je crois qu'ils me regardent, qu'ils regardent mon visage dirigé vers le sol, immobile. Je ne sais pas quoi faire. Je ne m'y attendais pas. Pourquoi tu ne me l'as pas dit, Jérôme ? Et pourquoi, sans me l'avouer, ai-je espéré quoi que ce soit ? Et puis, c'est quoi, ce plan foireux, de manger avec eux ?
« J'ai pas très faim... »
Je me dirige vers la sortie, et ne m'interromps pas, ni ne réponds, quand mon père me lance, sans réelle conviction :
« J'avais préparé à manger pour trois... »
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