Samedi 02 août 2008
à Dijon
19h46. La descente du train est douloureuse. Nos jambes courbaturées par plusieurs jours de marches dans la capitale, et un repli forcé de plusieurs heures entre les sièges du TER. Lilian a de plus petites jambes, il pouvait se caler plus facilement entre le siège de devant, nos nombreux sacs.
Nous n'avons pas parlé depuis Paris. Bien sûr nous avons dit «
Au revoir » à Laura ce matin, et à Simon sur un quai de la gare de Lyon. Qu'avons-nous à retenir de ce voyage ?
Nous étions partis chercher Julian : on ne l'a pas trouvé.
Il habitait un appartement qui a brûlé. Cet appartement ce n'était pas le sien. Un type nommé Nathan lui prêtait gracieusement. Ce type est au Sénégal, mais ne doit sûrement pas être au courant que son appartement a pris feu.
Il travaillait dans un fast-food où on ne l'a pas revu depuis que son logement s'est enflammé.
Il sortait avec un croate retourné vers sa famille pour les vacances, mais n'est pas parti avec lui.
Il fréquentait régulièrement Juliette et Simon, deux parisiens atypiques, qui étaient devenus ses amis ; mais ne leur a pas donné de nouvelles depuis plus d'un mois.
Il entretenait une étrange relation avec trois vieilles dames de son immeuble.
Il s'est enfui quand les pompiers lui ont porté secours.
Il n'est ni dans un hôpital, ni dans un foyer d'accueil d'urgence, ni sous un pont, ni dans un parc. On ne sait pas où il dort. Et pour en avoir discuté ensemble, on commence à se demander s'il est toujours à Paris.
On a perdu dans ce voyage des forces, de l'argent, et aussi la certitude que Julian est en vie quelque part.
Nul ne dit mot car on pense à la même chose. Dans ce cas là, se taire est faire preuve d'optimisme, mais l'absence désœuvre et l'espoir s'amenuise à mesure que le temps passe. On sait que le sablier de la vie s'arrête un jour.
Je raccompagne Lilian jusque place Darcy. Là il descend avec ses deux sacs la rue Docteur Chaussier pour disparaître dans son immeuble. Que va-t-il dire à Florian ?
Je prends le dernier bus direction Plombières. Je suis prêt à retrouver mes pantoufles, mon lit, ma mère, et un peu de sommeil.
Je pense juste à La Vielle Dame et à Laura. Que veut-elle lui dire. Elle devrait y passer lundi normalement. Je l'appellerai pour en savoir plus.