Bételgeuse
| Sujet: Fragment #142 – Ils saignent 13.04.08 20:51 | |
| Lundi 10 mars 2008 dans le train entre Paris et Londres Tu es en retard. Quoi ? Il est trop tard. Trop tard ! La chaîne en or s’enroule, s’enroule sur mon poignet, sur mon cou. Du cadran glissent des gouttes d’eau sale qui viennent embrasser le sablier sur mon sein. Et les aiguilles s’affolent et hurlent « En retard ! Tu es en retard ! » Et ce blaireau qui croque une pomme rouge damnation, il me fixe avec ses yeux limpides. Souviens-toi.
La surface. Remonter à la surface, respirer un grand coup. « Hey. ¿ Estás bíen ? - Hum. » Oh putain, Marco, tais-toi ! Laisse-moi. L’envie soudaine de le retrouver, de lui écrire. Nathan, il faut que tu m’aides à comprendre tout ça. Dehors, les paysages défilent à toute allure, se suivent, se ressemblent et s’enfuient. Je ne sais même pas si nous sommes encore en France. Ma mâchoire s’ouvre sur un bâillement lourd. Qu’est-ce qu’on peut se faire chier dans un train. Je replie mes genoux sur ma poitrine, les pieds sur le siège, frissonne dans mon pull trop large. Dans la poche de mon jean, la montre veille sur moi.
L’arbre est planté au milieu du désert. Sur son tronc coulent de fines rivières boueuses, qui viennent se perdre dans le sable. Ils sont tous là, en cercle autour de l’arbre qui pleure. Le blaireau, l’aigle, le loup, le corbeau, le chat, le renard, le serpent. Et ils saignent. | |
|