Aldébaran
| Sujet: Fragment #57 - Manon 15.04.08 18:29 | |
| Lundi 2 octobre 2006 à Dijon Mon réveil sonne. Je suis encore un peu dans la brume matinale. Je regarde Jon dormir, sa respiration, et ses côtes qui se soulèvent sous son souffle. Je regarde ses yeux qui ont des mouvements rapides sous ses paupières. Je l’embrasse sur la bouche. Merci, mon Jon. Je pousse les couvertures vers lui et la montagne que fait son corps nu sous les draps. Je me lève. Aujourd’hui, c’est ma première journée à la fac. Un bon café, et tout se remettra en place. J’arrive dans l’amphi. Je ne suis toujours pas très réveillé. Je frôle quelques personnes et dépose mon corps quasiment sans vie sur un des bancs des rangs du fond. Je sors de mon sac-bandoulière un paquet de feuilles. Ma main plonge un peu plus loin dans le sac, farfouille un temps. Rien. Où est encore passée ma trousse ? Je baisse ma tête vers les tréfonds obscurs du sac que je n’ai pas nettoyé depuis juin. J’y vois des relents de toutes mes soirées de l’été. Tiens, une photo de Jonathan et moi… Je farfouille encore. Toujours rien. Je prends alors mon sac et le dépose sur la table. Un vrai sac à main de nana, là-dedans. Une jeune fille blonde assise à ma droite regarde mon petit manège, un sourire en coin. Je la regarde, et lui répond de mon regard le plus caliméro possible. Je n’avais encore jamais été aussi rouge de ma vie. Que ferait-on sans ces petits moments de honte. Je me rappelle le pire jour de ma vie. Vu de loin, c’était plutôt amusant, en fait. Mais quand on en est l’acteur principal, on sourit beaucoup moins. J’étais aux galeries Lafayette, dans l’escalator pour le deuxième étage, rayon lingerie masculine. C’était samedi et les gens se bousculaient derrière moi. Comme à mon habitude, j’étais dans la lune ; et l’arrivée de l’escalator, ce passage subit de l’état « j’avance et monte sans effort » à « il faut que tes pieds se meuvent, mon chéri », m’a surprit et mis à bas. Le pauvre petit Jed écroulé en haut de l’escalator. L’épisode en lui-même était humiliant. Le problème est ce qui est arrivé ensuite. Toutes les personnes qui me suivaient se sont abattues à ma suite, plus exactement sur mon pauvre petit corps meurtri. Fin du souvenir. Retour au sourire de la jolie blonde. Farfouillage. Rougissage. Chuchotage. « Excuse-moi, tu n’aurais pas un stylo ? » C’est un bic noir qu’elle me tend dans l’instant accompagné d’un « tu peux le garder » angélique. Je rougis encore plus. « Merci. - Au fait, moi c’est Manon. - Enchanté. Jed. » | |
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