Aldébaran
| Sujet: Fragment# 63 - Le théâtre des couleurs, le personnage par l'odeur 15.04.08 18:47 | |
| Mardi 7 novembre 2006 à Dijon Le hublot me regarde fixement. Je le regarde de même. Au dessus des chiffres qui s’affichent en vert et tous carrés. 23. Plus que – 23 – à attendre. Danse colorée de rouge au milieu de la mousse. Petite machine spatiale. Voyageuse temporelle. Auparavant – quoi ? Les sacrifices humains dont les cendres se déversaient dans la rivière et l’invention presque sans le savoir du savon, puis les lavandières dans les lavoirs. Maintenant, toi. Petite machine, tu me fais tourner la tête. Plus que 21. Les draps qui tournent dans ton ventre. Les draps noirs qui marquent mais qui sont si beaux. Qui rendent ton corps blanc comme l’os. Ton corps en sacrifice. Ton corps dévoré sur l’autel. Et tes cendres dans ce savon. 18. avec le rouge de mes vêtements. Le rouge de ma salissure et de l’impureté de mon âme. Ton corps tout blanc, ton sacrifice lavera-t-il mon péché ? Commis contre mon gré. Regardez-moi. Je suis le rouge, le sorcier. Je suis le marqué. Pourquoi marque-t-on au fer rouge ? Je suis blanc comme neige pourtant. Mais vous ne le voyez pas. 10. La mousse s’en va, laissant place à une eau d’une pureté navrante. Quand je te regarde, petite machine, je me demande parfois qui est dedans et qui est dehors. Et si nous étions enfermés dans notre petit monde des humains, trop intéressés par les trahisons de l’âme pour savoir ce qui est vraiment important ; les sens. Cette couleur éclatante qui illumine ma rétine, le toucher de mes deux mains qui se frottent pour évacuer le froid, le goût naturel, habituel de la salive dans ma bouche. 4. la couleur évanescente et dansante. Le noir profond des draps. 3. Le métal tubulaire à l’intérieur qui tourne de plus en plus vite. J’ai du mal à suivre le mouvement. Mal de tête. 2. Attendre encore. Ça ne sera plus trop long. 1. J’ouvre le hublot. Je sors les draps mouillés. Jonathan n’est pas là. J’ai fait une lessive en l’attendant. J’étends le tissu humide un peu partout dans l’appartement. Décor de théâtre qui se déplie. Et moi, petite marionnette en son centre. Le tribunal des couleurs. Ne me regardez pas comme ça, je vous en prie. J’attends Jon, assis au centre de la salle à manger entre ses draps qui me regardent et me dévisagent. Les odeurs de linge propre m’envahissent. Ça sent Jonathan. Ça sent comme ses vêtements, comme sa peau, comme son être. Soudain l’appartement devient Jonathan et me pénètre par l’odeur. Je m’allonge au sol, au centre de la pièce. Je suis bien. Je m’endors. Ce sont les clés de Jon tournant dans la serrure qui me réveillent. Je reste allongé au sol. Je l’attends. « Mais qu’est-ce que tu fais par terre ? - Je me remplissais de Toi. » | |
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