Alioth
| Sujet: Fragment #6 – Descente 16.04.08 1:36 | |
| Dimanche 13 avril 2008 à Paris Il y a deux types de personnes ici. Enfin, peut-être trois. Ceux qui se la jouent mâles, torses nus, musclés, barbes de trois jours ou plus. Ils ne sentent pas le parfum ou alors quelque chose de boisé. Ceux qui se la jouent minets, minces, imberbes, plutôt agréables à regarder à première vue, complètement inintéressants ensuite (d’autant que certains ouvrent la bouche et émettent une voix fluette qui me donnent des frissons partout). Il y a aussi les gens un peu frustrés qui sont venus sans personne (le milieu gay parisien regorge de personnes qui sortent seules), qui n’osent pas te dire qu’ils veulent baiser (pas forcément un petit copain) et qui s’y prennent très maladroitement voire pas du tout. Généralement ces cas-là sont facilement identifiables, ce sont soit des gens qui dehors jouent les gros durs, soit des gens qui, lorsqu’ils dansent, se désarticulent d’une drôle de manière, comme s’ils étaient des descendants de Pinocchio, malhabiles, juchés sur des échasses invisibles. Des mauvais coups, à n’en pas douter. Et il y a moi. Peut-être que je fais partie de l’un de ces groupes. Certainement pas le dernier. Cela fait deux heures que je danse, les yeux fermés. Je transpire beaucoup. Beaucoup trop. Mon tee-shirt est trempé. On vient souvent danser près de moi et, quand je ne veux pas être désagréable ou quand je veux tout simplement danser avec quelqu’un, les mains se baladent trop rapidement, les visages se frôlent, on essaie d’approcher les lèvres, je suis obligé de me reculer, de me retourner, d’aller plus loin, sans (la plupart du temps) que j’aie pu voir qui essayait de me draguer. Peut-être qu’il était beau, je ne sais pas, mais je m’en fous. Pour l’instant je danse. Quand je vais en boîte, je danse. Puis les choses changent quand j’aligne la coke sur un flyer et que je la coupe avec ma carte bleue dans des toilettes aux odeurs plus qu’inconvenantes. Les choses changent quand plus tard, ensuite, je mets un peu de GHB dans ma boisson. Je laisse les gens s’approcher. Tout le monde est beau (ou presque). Je suis sur le podium. La sueur perle sur mon visage, mais ce n’est plus désagréable. Les regards se posent sur moi. Je les sens me déshabiller. Je me sens nu et je bande presque. Je me touche en dansant. Comme je suis complètement défoncé, je souris et je deviens agréable, les gens viennent me parler. Tu viens d’où ? Tu sais qu’avec un corps pareil et un cul tel que le tien les flics pourraient t’embarquer pour atteinte à l’ordre public ? Oh vraiment j’espère qu’ils ont des menottes ! Tu n’as pas joué dans un film cocasse genre Alice et les sept nains ? Oui j’étais grincheux ! Ca ne m’étonne pas ! Je finis ce qui me reste d’eau à la menthe, j’en demande une autre bouteille, je vais m’enfermer dans les toilettes et, titubant, je rajoute une dose de GHB. J’ai dû mettre longtemps, quelqu’un frappe à la porte, j’ouvre et je dis que ce n’est pas la peine de gueuler (il a gueulé ?) et l’autre me répond que ce n’est pas marqué La Poste ici en montrant son front et comme je ne vois pas le rapport je lui dis qu’il est timbré, que je me piquais et il ajoute, presque souriant maintenant, que ça l’étonnerait bien ça. ET POURQUOI DONC ? Il me regarde de haut en bas, rapidement : tu es du genre à faire bien trop attention à toi pour accepter de te piquer, mon chou. Mon chou ? Je ne suis pas certain de comprendre tout ce qui se passe ensuite. Si : un gars vient me voir, mon genre de gars, mince, imberbe, musclé sec, une gueule d’ange un peu rebelle, Di Caprio quand il était jeune et il me sourit, me parle en me touchant, me touche même et directement là où il faut, et me dit que c’est l’anniversaire de son petit copain et qu’il aimerait que je sois son cadeau. Leur cadeau : ils fêtent aussi leurs deux ans de couple. Je me retrouve dans un immense appartement sans meuble ou presque, un parquet qui couine à chaque pas, je suis un peu traîné par les deux gars dans leur chambre, car je ne tiens plus vraiment debout et je me figure être un cadeau, avec des rubans autour de mon corps. Un lit à baldaquins comme on n’en fait plus, je suis là à sucer leurs deux sexes en même temps et des effluves de poppers montent directement dans mes narines car l’un des gars me fait respirer le flacon sans arrêt. Je sais qu’il me pénètre tandis que je suce le sexe de son copain dont les lèvres sentent la fraise ou un fruit rouge qui y ressemble et je sais qu’il n’a pas mis de préservatif, qu’il dit que c’est trop bon, que c’est effectivement trop bon, qu’il m’aide à rentrer avec lui dans son copain, que je suis étonné que cela se fasse si facilement, le gars m’envoie tout ce qu’il a au visage tandis qu’il se fait pénétrer par son copain et je jouis sur un oreiller estampillé vulgairement Rykiel. Il y a des bâtonnets d’encens au musc sur la commode, un poster vieilli d’Andy Warhol sur les murs, quelques chaussettes sur le parquet et je note qu’il est presque sept heures du matin. Nous nous douchons tous les trois en même temps et je m’endors sur un coin du lit tandis que je les entends encore s’embrasser. J’ai le hoquet. Je bloque ma respiration. Quelques rires. Puis plus rien. | |
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Bételgeuse
| Sujet: Re: Fragment #6 – Descente 17.04.08 1:57 | |
| Je t'ai déjà dit que j'adore Amaury ??? Parce que je l'adore!! Et l'ambiance de ce frag... Tu as réussi à me faire sentir l'effet de la drogue à travers lui...Et j'ai pleinement conscience que ce n'est pas facile, alors bravo !! | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #6 – Descente 17.04.08 10:38 | |
| Trash mais... rudement bien rendu, la vache ^^ (enfin, j'imagine :P) | |
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Alsciaukat
| Sujet: :) 23.04.08 16:00 | |
| Ouip, j'ai été vraiment plongé dans l'ambiance moi aussi... Bien joué ^^' On est un peu halluciné comme lui et tout ce qu'il subit ne nous dérange pas plus... | |
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Aldébaran
| Sujet: Re: Fragment #6 – Descente 28.05.08 18:58 | |
| Quelle ambiance! Bravo. Et le GHB c'est pas bien! | |
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| Sujet: Re: Fragment #6 – Descente | |
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