Aldébaran
| Sujet: Fragment # 70 - L'heure des mamans 16.04.08 20:51 | |
| Jeudi 23 novembre 2006 à Dijon Je viens de passer un après-midi génial avec Manon. Fait discussions à bâtons rompus au parc de la Colombière. Mais sur le moment, alors que le ciel s’assombrit encore un peu, je n’ai qu’une envie, celle de retrouver les bras de Jonathan et de le serrer fort contre moi. Serai-je assez fort de te faire du mal, Manon, ai-je vraiment l’aura pour commettre un acte gratuit comme celui dont parle Sartre dans Les Caves du Vatican ? Il est vrai que l’idée m’a toujours effleuré et que j’en crevais d’envie. Je cherchais juste un bon cobaye. Et tu es là, Manon, la fille parfaite. Celle à qui ça doit être jouissif de faire du mal tellement tu es gentille et fragile. Mais je suis un faible, un lâche, je le reconnais. Alors je m’attendris, je te parle des heures et j’apprends à te connaître. J’engrange toutes ces informations pour plus tard m’en servir. Pour ou contre toi je ne sais pas encore. Mais là je dois te quitter, m’en aller. Retrouver l’amour de ma vie et préparer des plans de plus en plus sombres que je ne mettrais même pas en pratique, parce que je n’en suis pas capable. Et d’une seule phrase tu me déboussoles. « Tu m’accompagne ? - Où ? - A la sortie des classes. Notre-Dame. - Bien sûr » C’est étrange. Je ne voulais pas dire ça, enfin je ne crois pas. Je voulais crier « non je veux retrouver Jon », mais c’est sorti tout seul. Je ne sais pourquoi. Je t’accompagne donc. Aux alentours du lycée Charles de Gaulle. Une école primaire et maternelle. Sur le chemin nous discutons. Elle doit faire ça tous les soirs elle me dit. Je pensais à Jonathan, et je n’ai donc pas totalement compris. Son petit frère, son fils ? Un môme qu’elle garde ? Je ne sais pas, et je m’en veux d’avoir laisser échapper une telle information. Arrivés devant l’école, devant le petit portail bleu, c’est la débandade. C’est l’heure des mamans comme on dit. Plein de mamans qui se réunissent et qui parlent de leurs enfants et de leurs solutions miracles en attendant que le portail s’ouvre. Nous attendons aussi, parfait petit couple modèle. Derrière la vitre, une classe de maternelle. Des enfants surexcités de voir leurs parents se collent, font des signes et de la buée contre la vitre. Au milieu de ceux-ci un enfant blondinet que nous allons chercher à la porte. Alexandre. Alexandre le fils ou le frère ou… Je n’ose même pas lui redemander. Manon, excuse moi, c’est qui déjà ce truc qui se tortille à tes pieds ? Ton fils, ton frère ? Non, hein, ça ne se fait pas… si ? Manon, pourrais-je te manipuler, moi le petit homme fragile ? Pourrais-je apprendre à être un salopard ? Je ne sais pas. Pour le moment je t’embrasse. Sur les deux joues. « Je dois rentrer chez moi. » Et je file chez Jonathan. | |
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