Aldébaran
| Sujet: Fragment # 75 - Dorian 16.04.08 21:16 | |
| Jeudi 30 novembre 2006 à Dijon Quoi ? Jon, non… Tu n’as pas pu. Je vois tes lèvres qui remuent, mais j’ai toute la scène qui passe devant mes yeux sans un son. Tes lèvres dévoilent ta noirceur, ta tromperie, mon malheur futur, et mes oreilles se sont fermées. Je n’entends rien. C’est peut-être mieux comme ça, je ne sais pas. Putain, si tu savais comme mes tripes se retournent sous son nom. Julian. Comment t’as pu ? Me le prendre, le seul de ma vie, le seul avec qui je suis bien, celui sans qui je ne suis rien. Tu me veux à tes pieds, toi le Dieu. Tu as tout le monde rampant à tes côtés et tu veux me faire souffrir ? Parce que j’ai pas assez souffert selon toi, tu crois ? Tu crois que cette enfance dont tu n’as aucune idée, Julian, ne m’a pas fait l’homme que je suis aujourd’hui ? La carpette pour qui Jon est tout. Rectification. Pour qui Jon était tout. Merde, Julian. Tu as tout pour toi, et ceux qui n’ont rien, ceux qui n’ont presque rien et pour qui ce petit peu c’est tout, tu ne les prends même pas en considération. Putain, j’ai des larmes dans mes yeux. J’aime pas que tu me vois comme ça Jon, retourne toi je t’en prie retourne-toi tu ne peux pas voir le Jed fragile, le Jed papier prêt à se déchirer sous ses propres larmes. Tu as envie de me prendre dans tes bras. Mon geste est convulsif. Arrête. Tu vois ce que tu as fait, tu comprends mes tripes qui se tordent, ma boule dans la gorge, mes yeux embrumés ? Peut-être aurais-tu mieux fait de ne rien dire. Jonathan. Tu étais bourré, et alors ? Tu ne te contrôles pas ? Tu ne m’aimes pas, tu fonds sous ce regard de glace qui méprise, qui détruit tout ce qui passe ? Il me ressemble. Me tromper avec ma propre image, n’est-ce pas pire, hein ? Me tromper avec un autre homme de papier. Qui ne sait pas ce qu’il est, qui cherche à séduire à tout prix. Tu es tombé dans son jeu. Tu as chuté bien bas. Et où est passé notre amour alors ? Les roses blanches. Avant, – « Il faut qu’on parle » – tu avais quelque chose à me dire, tu te rappelles ? C’était ton amour pour moi, la force que tu voulais que notre union ait. Union des corps, union des âmes. Merde, Jonathan. Tu vois tu vois comme je suis mon corps courbé ma main sur mon ventre ma bouche contractée mes yeux rougis tout mon moi entier concentré sur ma douleur sur la révélation sur ce que tu m’as dit qui m’as brisé en dedans comme au dehors. Ma bile qui remonte dans l’arrière-gorge et cette amertume que j’ai soudain à ton égard toi que j’ai aimé si fort toi que j’ai aimé à en crever toi que je crève maintenant d’aimer encore alors qu’il ne faut pas alors qu’il ne faut plus parce que tu m’as prouvé par a+b que toi tu ne m’aimais plus que toi tu aimais mon Image tu as donc dansé toutes ces nuits avec un miroir surface polie glacée froide et tranchante parfois. Mon Image se brise aujourd’hui mon miroir est coupant tranchant déchirant mes boyaux sept ans de malheur on dit et tu essaye de recoller de ressouder ces morceaux ensemble tu tentes de reconstruire l’image tu es au sol à genoux des morceaux d’Image dans les mains mais tu n’arrives pas à reconstruire le puzzle l’Image est fracturée et démente –portrait de Dorian– et les éclats de verre de miroir dans tes mains que tu ramasses te tranchent les paumes et font couler ton sang mais tu t’en moques tu veux à tout prix reconstituer ce que tu as toi-même détruit et tes mains coupées tes paumes qui saignent de mes morceaux brisés tranchants. Mon Image reconstituée saignante est un monstre, une aberration de la nature. | |
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