Aldébaran
| Sujet: Fragment # 84 - L'Homme sur le canapé 16.04.08 21:55 | |
| Jeudi 18 janvier 2007 à Chenôve Je suis assis dans mon lit. Une boite de bois poli et dur entre les mains, mes doigts caressant chaque rainure dans le sens du bois. Mon pouce tournoyant sur le médaillon que je ne comprends toujours pas. Une fourche. Que voulait-Il dire ? Il voulait que l’on se rencontre. Mais pourquoi ? C’est depuis cette rencontre que tout va mal. – Que tout va mieux ? – Depuis qu’un certain Julian est entré dans ma vie, la porte entrouverte sur ce visage d’ange, et moi comme un con, à baver devant, alors qu’il a réussi à détruire tout ce que j’avais fait de bien. Jonathan. Détruire une rencontre à la force de ses yeux sombres. Rewind. Le téléphone sonne. J’étais devant le frigo, mes épreuves de la matinée s’étaient finies une heure auparavant et je commençais à crever de faim. Ca s’est bien passé ? Ben je ne sais pas, comment on peut savoir finalement ? J’ai fait du mieux que j’ai pu, c’est tout. On verra bien. Effacer. J’étais donc devant le frigo, en train de tenter d’en avaler le plus possible en moins de temps possible – finalement, je n’ai plus à plaire à personne –, et le téléphone sonne. Je décroche. A l’autre bout du fil, rien. Une respiration seulement, rauque et rapide, un peu comme animale. « Allo ? Allo ?? » Mais personne ne me répond. Puis un clic caractéristique. Et le bruit blanc d’un téléphone raccroché. Retour à maintenant. Qui était-ce ? Je ne sais pas. Julian peut-être, pour s’excuser. Enfin s’excuser. Mais pourquoi n’a-t-il pas parlé alors ? Peur de moi ? Mais je ne suis pas comme ça, il le sait. Ma colère ne m’envahit jamais d’habitude. D’habitude… « Julian. Je suis désolé. » Je ne sais pas ce qui m’a pris. J’ai dû dire cela à voix haute. Heureusement, personne pour m’écouter. Laissez-moi seul avec mes contradictions ! Quelqu’un frappe à la porte. Ariane. Elle appelle mon prénom avant d’entrer. Puis elle ouvre ma porte, fais un pas dans ma chambre. Quelqu’un m’attend dans le salon. Elle l’a laissé entré. Elle pensait que c’était important. « Okay, je descends. » Mes pieds caressent les marches d’escalier de bois, l’une après l’autre. Je ne sais pas qui m’attend en bas, Ariane n’a pas voulu me le dire. Le canapé me tourne le dos. Ma main effleure la rampe. Puis, quand j’arrive sur la dernière marche, je reconnais cette chevelure blonde caractéristique. Il m’attend, assis sur le canapé. La colère m’envahit, accompagnée d’un peu de nostalgie. Un frisson fait trembler mes épaules. Il me regarde, ses yeux plongés dans les miens. Il est triste, il s’en veut. Je tremble. Non, Jed, tu ne dois pas flancher. Tu ne le laisseras pas rentrer à nouveau chez toi. « Que fais-tu ici ? - Tu me manquais. Jed, je suis… - Non, arrête. Je ne peux pas t’entendre. Pas ici, pas maintenant. - Je… - Et si tu étais vraiment désolé, tu serais venu plus tôt. - C’était dur tu sais. - Tu te fous de moi ? Tu crois que ce n’était pas dur pour moi ? J’ai failli en crever, merde ! » Puis j’aperçois sur la table basse un bouquet. Un bouquet de roses. Un bouquet de roses rouges. L’ordure. Il a osé. Je l’ai pris par la manche. Je lui ai rendu ses roses. J’ai ouvert la porte. Je l’ai poussé dehors. Je suis rentré, le dos posé contre la porte, j’ai soufflé un grand coup. Il avait osé revenir pour s’excuser. J’ai rouvert la porte. Il le fallait… J’ai regardé Jonathan s’éloigner. Il ne s’est pas retourné. Jon… Sur le pas de la porte, il avait posé doucement le bouquet de roses rouges, qui m’attendait maintenant. J’ai eu un mouvement de recul ; puis me suis décidé. J’ai pris le bouquet entre mes mains, l’ai serré contre moi, puis ai refermé la porte. | |
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