Aldébaran
| Sujet: Fragment # 90 - L'Homme de ma vie 16.04.08 22:21 | |
| Lundi 12 février 2007 Dijon L’amphi est vide aujourd’hui. J’ai cinq minutes d’avance et je suis seul, assis au milieu des rangées. Je sors du papier et un crayon. Je suis décidé à suivre le cours aujourd’hui. Il faut rattraper mes notes du premier semestre. La porte s’entrouvre, et une chevelure blonde sur un corps ondulant se rapproche de moi. Manon. Ses talons claquent sur les marches, les descendant l’une après l’autre, à un rythme lent, qui suit presque les battements de mon cœur. Elle serpente dans ma rangée, et dans l’immense espace de chaises repliées et de tables pleines de graffitis, s’assoit juste à côté de moi. Manon, que cherches-tu ? Elle sort ses affaires de son sac, pose son ordinateur portable sur la table, puis un ongle soigneusement manucuré appuie sur le bouton on. Sa main gauche disparaît alors sous la table, et caresse mon genou. Les élèves commencent à rentrer et ce rapide afflux commence à remplir les rangs, en commençant par le fond, descendant en vagues successives vers le bureau du professeur. La main de Manon n’a pas bougé et continue à me caresser la cuisse. Je me mets à chuchoter, assez violement. « Qu’est ce que tu fais Manon, on est en cours. Quelqu’un va nous voir. - Ne t’inquiètes pas, ils sont tous aveugles ici. - Arrête s’il te plait. - Pourquoi ? Tu n’aimes pas. - Arrête. » Ma main prend la sienne au poignet, en serrant un peu, juste ce qu’il faut, et la repose sur la table. « Manon, c’est pas possible ça, tu ne peux pas faire ça en cours. Et tu ne me fais pas ça à moi. - Pourquoi ? - J’ai déjà quelqu’un. » Son visage se décompose, je vois sa main droite se crisper sur la lanière de son sac. « C’est qui ? Je la connais ? Elle est dans l’amphi ? - Non, Manon. » Ses yeux font un tour de toutes les filles qui nous entourent. S’arrêtent sur quelques unes, les dévisagent un instant. « Tu me mens, je le sens. Elle est là, quelque part. » Oui, je t’ai menti, mais ce n’est que par omission. Elle n’est pas dans l’amphi. Je ne la couvre pas. Je le protège. Plus rien jamais ne pourra nous faire de mal. | |
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