Antarès
| Sujet: Fragment #14 - RU 11.04.08 11:08 | |
| Lundi 2 octobre 2006 à Dijon Il est midi moins dix, le prof bedonnant annonce la fin du cours de chimie, cours qui m'a semblé interminable. Je rassemble précipitamment mes affaires, me faufile entre les amas de crétins qui obstruent le passage, polluant l'air de leurs discussions futiles. Sortie du bâtiment, je me dirige vers le restaurant universitaire. Une voix m'interpelle. « Déborah ! Eh ! Attend ! » A peine le temps de pousser un soupir et Jérémy est déjà à mes côtés. « C'était naze le cours de chimie, hein ? - Ouais. » Ce débile n'arrête pas de me coller depuis le TD de maths de ce matin. Dans le genre lourd, on fait pas mieux. Il me pompe tout mon oxygène. Je crois que je le déteste encore plus que tous les autres. Nous entrons dans le restaurant. Je m'arrête devant les menus pour décider de ce que je vais manger. « Eh Déb ! Trop fort, y a des frites au rez-de-chaussée. On y va ? - Il y a toujours des frites au rez-de-chaussée. Et j'aime pas les frites. » Sur ces paroles, je file en direction des escaliers et monte les marches le plus rapidement possible, pour essayer d'échapper à ce gros naze. Malheureusement, je sens déjà le souffle chaud de sa connerie sur ma nuque. « On mange ensemble ? » Je ne réponds rien, espérant que mon silence soit interprété comme un refus. Je me saisis d'un plateau, y jette des couverts et prend la direction des entrées. La foule des crétins affamés est dense et je parviens à semer l'autre. Après m'être servie aussi généreusement en salade que le petit bol à entrée le permet, je file aux desserts, prends une pomme, puis me fais servir le plat du jour, soit un sauté de bœuf à la banane. Il reste une dernière étape à passer avant de pouvoir enfin manger, la caisse. Je choisis celle dont la file d'attente me semble être la plus courte. Après que les cinq personnes qui me précèdent sont passées, c'est enfin mon tour. La caissière regarde le contenu de mon plateau, tapote sur son écran tactile, puis finalement me réclame d'un air blasé les deux euro soixante-quinze dus au restaurant en échange de ce médiocre repas. Je pénètre dans le réfectoire. Ma main droite se saisit d'un verre tandis que ma main gauche tente d'équilibrer tant bien que mal un plateau fort chargé. C'est d'un pratique... Tandis que je peste intérieurement, mes yeux se mettent en quête d'une place libre. Mais partout où mon regard se pose, ce ne sont que tables combles et rassemblement de crétins, ingurgitant leur repas et dégueulant leur bêtise. Cette foule me répugne. C'est alors que j'aperçois Jérémy qui vient de passer à la caisse. Un sourire stupide se dessine sur son visage tandis qu'il me voit et se dirige vers moi. Je ne peux pas manger avec ce trou de balle... Je repère une table occupée par trois filles. Je me précipite et m'assoies sur la dernière chaise de libre, leur expliquant qu'il n'y avait pas d'autre place disponible. C'est toujours mieux que de manger avec l'autre... Et puis, je ne suis pas obligée de leur parler. Jérémy passe devant nous, me fixe un instant, puis part à la recherche d'une place libre. Une once de culpabilité me gagne tandis que je regarde sa silhouette élancée s'éloigner entre les tables, mais je l'évince rapidement en me concentrant sur mon assiette. | |
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