Aldébaran
| Sujet: Fragment # 93 - Sauvetage 16.04.08 22:30 | |
| Vendredi 16 février 2007 à Dijon La porte est entrouverte. J’ai monté l’escalier jusqu’à son appartement. Je pensais avoir à sonner, et attendre. Le voir me répondre, ou non. Me mettre à la porte. Le voir en bonne forme ou rampant au sol, mais pas à ça. La porte est entrouverte. « Julian ? » Je pousse un peu la porte et entre. Il règne dans son appartement une atmosphère irrespirable, une sorte d’odeur indéfinissable ; entre le félin et l’ours des cavernes. Il faudra que je fasse à Julian un petit sermon sur les besoin hygiéniques du corps et l’aération au moins journalière à donner à une pièce. Surtout quand celles-ci sont aussi petites. Je le cherche un instant dans la pénombre, il ne répond pas à mes appels. « Julian ? » J’entends soudain un gémissement qui semble provenir d’un tas de couverture. Julian serait donc là-dedans ? Je n’ose vraiment m’approcher. Je me penche et, entendant sa respiration, m’accroupis pour soulever les plis et trouver sous l’amalgame, presque plus un homme, non, un enfant emmitouflé dans son mal-être. « Julian, ca va ? » Il ne me répond que par des monosyllabes que je n’arrive pas à associer en mots compréhensibles. Il me semble qu’il me dit de m’en aller, qu’il n’a pas besoin de moi. Je reste un peu à ses côté, lui prend la main. Il se débat. « Julian, viens… Allez… » Il me repousse pendant quelques secondes, puis se laisse faire. Je le remets debout, le serre un instant dans mes bras. Son contact me répugne un peu, il semble ne pas s’être lavé depuis quelques jours ; mais je prends plaisir à serrer contre mon cœur le mal-être et à lui en prendre un peu, pour l’en soulager. Je le conduis vers une table, l’assois. Je lui relève le visage qu’il gardait profondément ancré vers le sol. Regarde moi, Julian, que je plonge dans tes yeux et retrouve ce qui est enfoui. Je tourne un peu dans la pièce. Trouve du thé, et mets de l’eau dans la bouilloire. Je le regarde tout en préparant nos tasses. « It te faut quelque chose de chaud, tu trembles… Alors, qu’est-ce qu’il y a ? Raconte-moi. » Nos deux tasses fument maintenant de part et d’autre de la table. Au dessus de la buée, je plonge dans ses yeux, et y cherche son histoire.
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