Aldébaran
| Sujet: Fragment # 97 - Dies Irae 16.04.08 22:42 | |
| Vendredi 9 mars 2007 à Dijon Le rouge envahit la pièce. Les murs se tapissent de lambeaux de sang qui coulent et s’engluent aux encoignures. Les mâchoires ouvertes, les crocs sortis ; c’est Julian que je ne reconnais plus. C’est le feu qui brûle en lui qu’il allume et consume sous mes yeux effarés. Je tremble, je crois me reconnaître sous ses traits déformés par l’extase de la Folie. La Colère, le Grand Mal dévastateur qui souffle et détruit tout sur sa lancée. Le Rouge qui fond dans nos pensées meurtries. J’ai l’impression qu’il puise en moi la force de sa Colère. Jour de Colère que ce jour là. Mon cerveau flanche sous les coups vermillons de ses tempes extatiques, l’empourpré de ses joues, ses verbes acérés. Julian, calme-toi, tu vas nous emporter dans ton tourbillon. Je sens déjà Sylvain qui flanche sous tes coups. Qu’est ce qui te prend ? Je ne t’avais encore jamais vu comme ça. Mais je te comprends, quand ta vie est en jeu, un boulot, une paye ; on ne peut pas jouer avec cela. « Tu aurais dû savoir merde, ça se voyait pas que j’étais dans la merde ?! Tu vis dans ton petit monde à Besançon avec tes petites études tranquilles, tu réalises pas ce que moi je vis ! J’ai besoin de tune là Sylvain ! » Et Sylvain qui reste impassible face à cette colère démente, qui répond simplement, calmement. Comment fait-il ? Son visage de marbre ne reflète aucune impression qu’une indifférence froide. Il tourne les talons et s’en va en claquant la porte. Les palpitations de mon corps qui vacille, la chair de poule qui me recouvre. Sa Colère fond petit à petit et se calme. Je fais un geste vers Julian, voudrais le serrer dans mes bras, le réconforter, calmer cette colère ; lui montrer comment on fait avec cette sauvagerie qui vous prend. Mais il me fusille du regard. Il ne veut pas de mon amitié. Il repousse violemment tout encouragement de ma part. C’est ma Colère alors que je tente de contenir, mes muscles qui se teintent de brique, ma figure qui s’empourpre. Non Julian, tu n’auras pas la joie d’une autre de mes Démences. Je suis épuisé. Ta Colère m’a fatigué. Mes muscles ne savent plus se tendre, mes dents ont oublié de grincer, mes tempes veulent connaître un repos plus que mérité. | |
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