Aldébaran
| Sujet: Fragment #102 - Plus rien ne pourra m'arriver 20.04.08 20:20 | |
| Samedi 31 mars 2007 à Dijon Je suis le fil. Les murs suintent d’eau croupie. Mes mains posées sur les pierres disjointes cherchent le chemin de la lumière. Les autres me suivent. Dehors, Elle m’attend. Nous courons vers les embarcations, pour échapper le plus rapidement possible à ce climat de terreur qui nous avait emprisonnés. Tout en remontant sur le bateau, j’enroule le fil en bobine. Il pourra toujours resservir. Elle est la dernière à monter à bord. Nous hissons la voile noire. Les planches grincent sous mes pieds. L’embrun marin nous fouette le visage. Nous savourons tous les neuf notre nouvelle liberté, notre fuite de la peur. Nous voguons longtemps, les flancs chatouillés par l’onde rapide, les narines frémissantes aux vents marins. Bientôt nous serons chez nous. Le temps semble distendu par la joie. Je parle avec Elle. Nous nous rapprochons. Nous nous aimons. J’ai l’impression que nous ne faisons qu’un. Tout s’est passé si vite. Elle me comprend. Comme si nous faisions partie de la même famille. Au loin, une île. Je demande que nous nous arrêtions. Le climat et la faune y semble accueillant. Nous accostons, nous chassons, mangeons et nous reposons. Je discute encore avec Elle. Je l’embrasse. Puis nous nous allongeons à l’ombre d’un saule. Après une courte sieste, nous décidons d’appareiller de nouveau, pour être plus rapidement à la maison et annoncer la bonne nouvelle. La voile noire et hissée et nous nous en allons, laissant derrière nous l’île et ses bienfaits. Et… Elle ! Où est-elle ? Les courants déjà nous poussent vers l’horizon. Je regarde au loin. L’île. Elle me fait des signes. Elle m’appelle. Je vois d’ici ses traits déformés par la souffrance. Comment ai-je pu l’oublier ? Derrière elle, un cortège festif s’approche. Des hommes aux pieds de bouc, dansant, certains même en état de transe. Un homme couronné de vigne s’approche d’elle. Je me détourne, et fixe l’horizon. Je l’ai déjà oubliée. « Jed ? Tu m’entends ? - Ariane… C’est toi ? - Oui. - Où suis-je ? - A l’hôpital. Ne t’inquiète pas, je suis là. » Elle est assise sur mon lit, non loin de mes pieds. Sa main s’approche de la mienne et la serre. Tant que tu seras à mes côtés… | |
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