Aldébaran
| Sujet: Fragment #111 - Scène de la vie citadine 20.04.08 21:47 | |
| Vendredi 4 mai 2007 à Dijon Sous les draps, rituel cent fois recommencé. J’ouvre les yeux. Avec difficulté d’abord. Je vois le monde en une fente aux bords irisés. La lumière du soleil matinal m’éblouit. Je me rapproche du corps de l’aimé, le serre au plus près de moi. Je veux sentir la moindre parcelle de sa peau. Sa chaleur se propage en mon corps. J’ai trop chaud maintenant, je m’éloigne. Je le regarde dormir. Je regarde les tressautements de ses sourcils, le mouvement rapide de ses yeux. J’écoute ses petits halètements, les sons qu’il fait en dormant. Il est calme ; son souffle est long et doux. Je respire son odeur. Sa vraie fragrance, celle que le corps produit au saut du lit. Une odeur d’homme. Je repousse les draps, sens le froid matinal s’emparer de mon corps. Mes pieds touchent le sol glacé. Une fois debout, je sens le carrelage sur la plante de mon pied. Seul le centre, courbé, échappe à cette sensation glacée. J’ai envie de me dépêcher d’arriver à la cuisine, pour m’asseoir et retirer mes pieds du sol. Pourtant j’avance lentement, laissant ma peau s’accoutumer, et se réchauffer petit à petit. Je vais à la fenêtre. J’entrouvre le rideau. La rue des Godrans est vide ce matin. Peu de gens la traversent, sûrement à cause de l’heure encore matinale. Je vois un homme tituber sur le trottoir d’en face. Ses rares cheveux forment des ilots sur son crâne, vu d’en haut. Il a une doudoune sans manche, et un pantalon de velours côtelé beige. Il frissonne. Je n’ai pas envie d’ouvrir la fenêtre. Je sens déjà cet air revigorant qui baigne dehors, je n’en veux pas. Je ne veux que l’odeur du café qui réveillera mon homme. Je m’éloigne de la fenêtre, en direction de la cuisine. Mes pieds se sont habitués, je n’ai plus froid. J’éternue. Bravo, encore malade, à tous les coups ! Je me sers un bol de lait que je mets au four micro-ondes. Pendant ce temps, je pioche dans le Tupperware le grain brun moulu et son odeur qui envahit mes bronches. Je tasse jusqu’à obtenir une belle surface plane. Je remplis le réservoir d’eau, et j’appuie sur le bouton de démarrage. En peu de temps, l’appartement s’emplit de l’odeur âcre du liquide noir qui coule déjà. De la cuisine, je sens les yeux de Jonathan papillonner. J’entends son souffle s’accélérer. Je vois presque ses membres commencer à bouger et je perçois le frottement du tissu sur sa peau nue. Il m’appelle. Je souris intérieurement. Je t’ai entendu te réveiller, mon amour. J’entends tes pas sur le carrelage. Je sens ton souffle sur ma nuque. Je sens tes mains sur ma peau, qui enserrent ma taille. Je sens ta peau contre ma peau quand tu te rapproche de moi. Je sens tes lèvres dans mon cou. « Bonjour ! » | |
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