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 Fragment #1 - Sujet et images

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Nunki

Nunki



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MessageSujet: Fragment #1 - Sujet et images   Fragment #1 - Sujet et images Empty01.05.08 3:54

Lundi 18 décembre 2006
à Dijon

La douce pénombre du mois de décembre… Alors que l’obscurité ronge petit à petit le décor, je ressors, mon bonnet gris vissé sur la tête, m’arrivant jusqu’aux sourcils, et mon écharpe noire enroulée autour de mes carotides, de ce foutu contrôle continu que j’ai loupé bêtement… Bref, ce n’est qu’un point négatif, encore un. Mais j’ai quand même réussi à obtenir un nouveau rendez-vous pour mon examen pratique de Travaux Pratiques, c’est déjà ça. Je rôde à présent du côté des logements étudiants… Ah, les chanceux : ils ont pas à se coltiner les remarques infectes de leur parents débordant d’une affection trop étouffante, lorsqu’ils rentrent chez eux, le soir. Des parents idiots, bornés, qui s’engueulent pour une simple histoire de sapin de Noël, qui partent au quart de tour pour trois quarts de fois rien. C’est vrai, je déteste mes parents. Je déteste l’idée de devoir me les farcir jusqu’à la maison de retraite. Prétendant m’avoir éduqué, avec la distance qu’ils ont posé entre eux et leurs enfants en bas âge, et maintenant, souhaitant rattraper le « temps perdu », comme on a coutume de dire. Mais je ne veux pas de leur affection, je n’en veux plus. Maintenant, c’est moi qui pose les distances. Vous me faites gerber à nous étrangler, moi et ma sœur, dans vos soucis conjugaux et financiers… Et cette manie de toujours croire qu’on est à vos côtés, foutez-vous la dans l’œil… ou ailleurs. Oui, je vais vous faire connaître ce que moi, j’ai connu. Je vais vous pousser dans le gouffre que vous contemplez de trop près, je vais réduire votre quotidien à ce que je peux trouver de plus invivable pour vous, et vous aller souffrir. Vous allez souffrir, et vos gémissements n’en seront que plus doux à mon oreille. Continuez de geindre, je vous ferai connaître l’Enfer, celui auquel tu crois, maman, et celui auquel tu ne crois pas, papa. Ah ils sont pas si chanceux que ça, ces étudiants « autonomes » : il ne ressentiront pas ce que moi je vais ressentir, quand je me serai occupé de mes stupides géniteurs.
« En même temps… » Je sursaute. Je viens de marmonner ça sans m’en rendre compte… Encore cette fichue expression qui fait se tordre de douleur mon encéphale, encore cette connerie qui me fait bouillir les neurones, accélérer ma fréquence cardiaque, et me fait parcourir d’un éclair glacé dans le dos. Je reprend conscience : il fait presque noir. Il fait froid et je me demande si c’est à cause de ça que mes yeux sont humides, ou si c’est à cause de ce que je viens de penser.
En même temps, ils sont si seuls, dans leur cagibis… Ils n’ont personne pour s’occuper d’eux, ils doivent apprendre à tout gérer eux-mêmes… Il n’ont pas ce que j’ai, deux personnes mûres qui, par leur union de sang, prennent soin de moi, avec les sentiments les plus purs qu’on puisse trouver. Deux personnes qui ont pris un engagement essentiel dans leur vie : celui de donner la vie. Et « donner la vie », cela se complète par « entretenir la vie ». Je suis en vie parce qu’ils sont là. Je m’amuse parce qu’ils me l’ont permis, et je me permet moi-même de dire des atrocités, parce qu’ils m’ont permis de me permettre de penser ce que je veux. Je rentre dans le hall de mon immeuble le pas lourd. Je passe devant le grand Miroir fumé et aperçois mon visage, à demi caché par mes longs cheveux noirs et mon bonnet gris. Je méprise et j’adore l’image que celui-ci reflète… Je sais pourquoi je l’adore : je me trouve un look d’Enfer. Mais je le méprise aussi, pourquoi ? Je monte les escaliers en bois vernis, encore en oubliant de me frotter les pieds, et je pénètre dans l’antre familiale… Ma mère, qui passe en même temps dans le couloir d’entrée, en esquissant un sourire, me prend mon bonnet que je laisse traîner sur la commode. Je suis paralysé, une fraction de seconde… Je viens de trouver la réponse à la question que le Miroir me posait une minute plus tôt. Je sens une crispation sur mon visage, soudainement. Je passe devant le Miroir d’entrée : je souriais.
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