Nunki
| Sujet: Fragment #8 - Si je coupe le cordon, tomberai-je encore une fois ? 01.05.08 4:01 | |
| Mercredi 3 janvier 2007 à Dijon Le soleil m’arrache du sommeil. La bande lumineuse qui se déplace lentement sur mes murs est arrivée en plein sur mon visage, et m’a réveillé de sa cuisante lumière. Il est 11h46. Je m’étais dit que j’allais commencer à travailler, mais j’invente encore d’autres occupations pour m’empêcher de le faire. Je m’habille en un clin d’œil, puis vais m’asseoir à la table du déjeuner. Ma mère m’a piqué ma place, je déteste ça. Au moment du café, j’ouvre le journal. Rien de bien intéressant aujourd’hui. A la page des faits divers, je lis plusieurs nouvelles dramatiques : « accident place de la République », ou encore « un étudiant massacré lors du réveillon du nouvel an ». Ces nouvelles me semblent dénuées de sens. Je m’en fiche complètement à vrai dire, c’est pas à moi que c’est arrivé, ni à quelqu’un de cher à mes yeux. Rien à signaler. Je suis épuisé. Ces discussions avec Sarah m’ont anéanti. De toute façon, elle saura jamais la vérité. La vérité, c’est trop facile à cacher, il suffit d’être persuasif, et on vous croit comme si vous aviez une preuve réelle. C’est comme ça pour tout le monde en fait, on croit sans vérifier, parce que sinon, on doit se bouger pour vérifier soi-même. On fait bien confiance au prof de maths qui énonce le théorème de Thalès. On a pas la preuve, mais on s’en fout. On apprend. Roxanne veut que je vienne à sa soirée. Je lui dis que j’ai du travail pour me défausser des mauvaises cartes qu’elle me tend. Je connais personne, je suis crevé, j’ai pas envie. Certes, ça lui aurait fait plaisir… Le monde continue de tourner autour de moi. Le temps s’écoule mais mon horloge interne est arrêtée. Je décide de sortir sous le soleil de Janvier. Toujours dans la même allée, le sentier infini où, cette fois, je reprend vie. L’air est doux, le soleil perce de temps à autres. Le moral me revient un peu. Je suis sorti des Ténèbres, il reste à couper le cordon ombilical. Alors je marche. Rousseau disait qu’il ne pouvait penser sans marcher, et je le comprend sur ce point. De retour chez moi, je passe devant le miroir fumé qui ne me met pas à mon avantage. Toujours cette double face… Je rentre, j’allume la télé et l’ordinateur à la fois, et je m’écroule sur le canapé. J’ai toujours ces courbatures dans le dos et les bras. Le ciel s’assombrit… Naître, c’est aussi difficile que de mourir, en fait. La périodicité est bien réelle, je devrais m’y attendre. Et pourtant, je me fais avoir à chaque fois, je tombe dans le même fossé. Je le prévois, et me laisse tomber… Je dois aimer ça, ou bien je suis vraiment stupide. Ou alors, on n’y peut rien. Ce serait une sorte de destinée, mais je ne crois pas au destin. Si le hasard fait bien les choses, alors c’est pour ça que la prescience est inutile… Je décide de m’anesthésier avec un jeu vidéo. | |
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