Nunki
| Sujet: Fragment #15 - Sortons boire un verre, tes feuilles sont sèches 01.05.08 11:52 | |
| Mardi 30 janvier 2007 à Dijon La reprise se fait de plus en plus sentir. Déjà, je me lève plus tôt, et la fatigue me cible dès le début de soirée. Le sommeil post-activité reprend. Je rentre de cours, je pose mon sac à côté de mon bureau bien rangé, j’enlève mon manteau, mes chaussures, et m’écroule finalement sur mon lit. Un geste machinal, quotidien. Aussi j’ai pris l’habitude de le faire en pensant me blottir dans les draps bleus juste pour une minute ou deux. Au final, quand je m’éveille, c’est plus de deux heures après. La tête chargée de rêves étranges dont je ne me souviens même plus, la bouche pâteuse, mal aux yeux et au crâne. Pas cette fois. Après m’être avachi sur le matelas, je ne ferme pas les paupières. Mon esprit est chargé de drôles de pensées. Quelles relations étranges… Mais tellement communes au fond, les mêmes rapports de force, la même chimie, la même physique. Mes neurones oscillent entre Mylan, Sarah, Ginny… nous sommes quatre. Ce nombre si stable qui fait tenir une table debout, qui définit les points cardinaux. Si notre association reste toujours stable, le sommes-nous tout autant individuellement ? Ce n’est qu’un chiffre, après tout… De nouvelles connaissances et on peut faire varier cette valeur. Il n’y a qu’échange de matière entre nous, c’est ce qui nous maintient. Je brouille mon cerveau en secouant la tête et fronçant les sourcils. Je me lève prestement. Mon portable est à portée de main. Je fouille dans mon répertoire. Ça sonne. « Allô, Ginny ? - Oui ? Ah, Jamie ! Ca faisait longtemps ! - En effet, oui… j’ai pas trop de tes nouvelles, moi ! - Oui je suis assez occupée en ce moment… Si tu veux on va boire un verre. Ça te dit ? - Oui, oui, pourquoi pas ! Toujours au même endroit ? - Toujours au même endroit. A tout de suite ! - Hein ?! Maintenant ? … Mouais, d’accord ! » J’ai senti le ton de complicité dans sa voix. Nous avons pour habitude de nous rejoindre au BC, place du trente Octobre. Nous aimons cet endroit, il n’est commun qu’à nous deux dans « le club des quatre ». J’enfile mon écharpe rouge, mon manteau noir d’encre, et je sors, oubliant même de prévenir la tablée. Ce long boulevard qui mène à cette place, dans la nuit. Illuminé d’orange de sodium, de rouge et de vert. J’entre dans la taverne. Des lumières faibles, un écran d’ordinateur qui répand un léger bleu dans l’air sombre, un jeu de fléchettes, des courants d’air. Ginny n’est pas encore arrivée. Elle doit sortir du boulot. Je m’assois à notre coin favori. Dix minutes passent avant que la petite silhouette aux longs cheveux roux n’apparaisse devant l’enseigne. Elle me fait signe, pose son parapluie, et me rejoint. « Toujours aussi pâle, toi ! On dirait un noyé ! » me dit-elle en ricanant. | |
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