Altaïr
| Sujet: Fragment #80 - Le Palais de la Gourmandise 09.04.08 20:20 | |
| Mardi 12 septembre 2006 à Dijon Vol plané qui finit sur le haut de mon torse pour quelques perles de nacre. Douche langoureuse, enlacement de l’eau. Café noir, trop fort. Je passe devant le Miroir sans même le regarder. Escaliers dévalés. Immersion dans la rue. Il fait beau. Je traverse la place Grangier pour entrer dans mon petit Palais de la Gourmandise. Tintement cristallin. La voilà, la fille des magiciens de la farine. « Bonjour monsieur ! » Comme j’aime qu’on m’appelle ainsi, surtout de cette voix aimable et chaude, chaude comme ces cascades de boucles rousses qui flamboient sur sa tête aux joues potelées, marquant avec sa peau pâle couleur crème tendre un contraste saisissant. On dirait que son crâne est enflammé. Dans mon bas-ventre, un incendie s’embrase. Je baisse les yeux pour ne pas regarder sa poitrine qui se gonfle au gré de sa respiration, s’enfle et désenfle, comme un appel. Je m’efforce de regarder l’étal des pâtisseries grasses et savoureuses, gorgées de sucre. On dirait une ville miniature, une ville faite d’éclairs et de religieuses au chocolat, de figues en pâte d’amande et de tartelettes au citron, à la fraise, à la banane, de croissants et de mille-feuilles, de pudding, de brownies, de crumble, de muffins. Une ville faite de meringues, de sablés, de pains au raisin et de chaussons aux pommes. Voici la capitale du péché de gourmandise. Je voudrais piller cette cité en chair sucrée, la ravager et rafler tous ses habitants pour les dévorer. Je serai le dieu du chaos de ce petit monde. « Monsieur ? » La jeune boulangère rousse s’est penchée sur le comptoir, attendant mon verdict, offrant à portée de main sa poitrine, dont le volume semble varier comme un cœur qui pulse, dans un halètement sulfureux. « Qu’est-ce que je vous sers ? - Un… un croissant… S’il vous plait. - Bien monsieur, ce sera tout ? - Ce sera tout. » | |
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