Fragment #103 – Quel tact !

« …
- Ouais, ok. Bon, je dois aller bosser. Et puis voilà Goran, tiens. On se rappelle ?
- Wouhou ! Goraaan ! Oui on s'rappelle ça marche... Bosse bien Julian.
- Bisous, à plus.
- Bisous. »

Des vacances ! J’en rêvais… Oui mais des vacances à laisser ma fille à son père qui, aussi sympa soit-il, n’a aucune idée de comment on s’occupe d’un bébé ! Mais j’ai besoin de ces vacances, tout ce qu’il me reste à faire, c’est, dans l’ordre : Faire accepter à Théo qu’on va laisser Koko à son Papa, lui qui le porte tellement dans son cœur, mais surtout, et c’est là le plus dur, réussir à gérer mes peurs quant à l’idée de laisser Julian et Koko tous seuls. Allez savoir qui sera la nounou de qui ?!

Je me penche au dessus du berceau de la petite princesse qui se réveille doucement et caresse ses joues toutes roses.
« Et toi ma puce t’en penses quoi ? Ca te dirait une semaine toute seule avec lui hein ?...
- Toute une semaine avec qui ?! »

C’est la voix de Théo qui me fait sursauter.

« Tient salut toi, déjà rentré ? »
Théo repousse mon étreinte et me fixe de ses yeux inquisiteurs.
« Une semaine avec qui ?!
- Justement, j’allais t’en parler ce soir. Tu sais, on s’voit plus trop en ce moment, entre l’hôpital et moi qui suis occupée avec la petite, on ne fait que se croiser et tu me manques… Donc je me disais que des vacances, ça pourrait être génial !
- Des vacances… Ouais et il est où le piège ?
- Comme si j’avais l’habitude de te piéger…
- J’te connais Lola, plus que tu n’le crois. Et là par exemple, je sais que tu me caches quelque chose.
- Bon, j’ai eu Julian au téléphone ce soir…
- Et voilà, les emmerdes commencent…
- Arrête. Il proposait qu’on passe une semaine à Paris. Je pense que ma tante pourrait nous héberger, et puis il garderait Koko pendant ce temps là.
- Ah ouais, donc toi tu vas laisser ta fille de 7 mois toute seule, avec celui qui se prétend son père mais qui se sauve un mois sur deux ?
- Mais il EST son père, c’est comme ça.
- Ouai, t’as raison. Il est jamais là, mais c’est son père, et moi j’suis rien pour elle. D’ailleurs pour toi non plus j’suis rien je crois. Bah tu sais quoi ? Pars en vacances avec lui. Jouez bien à la petite famille, et moi je vais rester avec mes patients qui eux, ont besoin de moi. J’rentre chez moi… Salut ! »

Aïe, et une porte qui claque, une. Mais quelle tête de lard celui-là alors… !
Je me penche sur ma fille, témoin involontaire de notre toute première prise de bec.
« Quoi ? Pourquoi tu m’regardes comme ça toi ? Ok, tu trouves que j’ai été naze c’est ça ? Que j’ai pas de tact… Et t’as raison en plus, comme toujours ! Mais c’est lui aussi, faut qu’il ait confiance en lui un peu… Il a sa place auprès de nous, pourquoi il doute ? »

Je caresse doucement la joue rose et chaude de ma petite princesse. C’est fou comme elle semble tout comprendre parfois.

« Oh et puis zut hein, moi je les veux ces vacances. Avec Théo. Et toi, avec Papa… Non mais ! »

J’embrasse furtivement ma fille sur le front, attrape mon sac. Juste le temps de crier à Maman :
« Jette un œil sur la petite, j’ai un couple à sauver et j’reviens…
- Quoi ?! »

Mais je cours déjà sur les traces de Théo…