Adhara
| Sujet: Fragment #1 - Des vieux et des hommes 28.05.08 16:32 | |
| Lundi 26 mai 2008 à Paris Nous étions arrivés vers 22h chez Laurent et François. C’était la réunion de l’association gay de la fac, avec les anciens, ceux des vieilles promos. C’était la première réunion de l’année, et j’y allais un peu à reculons. Philippe avait insisté. Si tu ne fais pas d’efforts, tu ne rencontreras personne. Ces gens pourraient beaucoup nous aider pour la suite. A la limite. Je suis enrhumé, et fatigué, mais quel en serait le prix ? Passer une soirée pince fesses avec quelques grabataires et quelques jeunes loups pédés, prêts à tout pour bien rentrer dans les petits papiers des anciens, dans l’espoir d’un piston pour un stage, ça promettait. Enfin.
Il y avait déjà pas mal de monde. L’appartement était grand. Regarde ici. Un Gaveau 1912. Je suis sûr qu’ils ne savent même pas en jouer. Tu parles. Evidemment qu’ils ne savent pas. Ils ne peuvent pas. Les anciens de l’association, dans la majorité des quadras, ont déjà remarqué qu’un nouveau petit vent de fraîcheur a passé la porte. Ils nous regardent. Viennent nous faire la bise. Se présentent. Bonjour, je suis Marc, Lucien, Emil, Eusébius, Héphaestion, le cul de ma soeur. Qu’importe. Je m’installe au buffet, prends une assiette, et me cale dans un fauteuil. J’essaie de repérer qui me donnerait de quoi me détendre. C’est délicat. Celui-ci ? Peut-être. Il me regarde, semble avoir compris. Il part aux toilettes, je le suis. Salut. Je m’isole. Ça va mieux.
De retour au salon, le temps paraît un peu plus rapide. Je commence à fatiguer, mon rhume reprend, je tousse, crache mes glaires, et chaque fois quelques vieux accourent pour me demander si tout va bien. Sacré froid. La soirée ne dure pas trop, et déjà tout le monde s’en va. Mais nous sommes un peu saouls, et on nous laisse la possibilité de dormir au salon. Sur les canapés. Quels porcs. Qu’est-ce qu’ils espèrent ? Que pour les remercier de leur hospitalité nous allons les rejoindre dans leur chambre ? Non, nous resterons sur ces canapés. Détends-toi, tu as l’air fatigué. Mais non, c’est juste l’alcool, et le reste. Détends-toi un peu, regarde tous ces nœuds dans ton cou, ils doivent te gêner. Tu as peut-être raison. Je m’allonge sur le ventre, et les mains de Philippe commencent à pétrir doucement mon dos et mon cou, puis le bas du dos, les fesses et les cuisses. Je me retourne sur un coude, et nous nous embrassons tout simplement, comme si c’était prévu depuis plusieurs heures, comme si ce beau garçon avec qui les choses avaient toujours été si ambiguës devait, ce soir, devenir mon boyfriend. Il m’embrasse le cou, ôte ma chemise, la sienne. Nous sommes nus et j’oublie déjà que quelques secondes plus tôt toute ma vie était compliquée. Encore une minute et Philippe est debout, en train de me prendre énergiquement sur la table de la salle à manger. Par delà nos râles bruyants nous pouvons imaginer, plus que les entendre, les mouvements mi-embarrassés, mi-excités, de nos hôtes qui dorment dans la pièce voisine. Les bruits devraient leur donner quelques idées, leur donner l’envie de varier le missionnaire. Philippe se dégage, me retourne, et me jouit sur le ventre. Je m'endors. | |
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